f 163 [ ARCHITECTURE j
bien faits pour seduire la noblesse catholique : se soustraire aux enva-
llissements du pouvoir religieux, s'emparer des biens temporels ecclfj_
siagliqugg, etait un appat qui ne pouvait manquer d'entrainer la feodalite
scculiere vers la reforme; puis, encore une fois, la mode s'en melait en
Ifrance. Sans se ranger avec enthousiasme sous la banniere de Luther ou
fous celle de Calvin, la curiosite etait excitee; ces luttes contre le pouvoir,
si fort alors, de la papaute, attiraient l'attention; en etait, comme tou-
jours, en France, dispose dans la classe eelairee, sans en prevoir les
consequences, a proteger les idees nouvelles. itlzirguerite de Navarrc,
dans sa petite cour de Nerac, donnait asile a Calvin, il Lefebvre ddilaples,
qui tous les deux etaient mal avec la Soi-bonne. Les grandes dames se
moquaient de la messe catholique, avaient compose une messe a sept
lminls, et sfelevaient fort contre la confession. La Sorbonne se faeliait;
on la laissait dire. La duchesse cflitampes avait a cceur d'amener le I'Ol
Franqeis a eeouter les reformistes. On disputait; chaque jour elevait un
nouveau predicaleur cherchauta aequerir du renom en enoneant quelqtie
curieuse extravagance. Les esprits sains (et ils sont toujours en minorite)
sattristaient, voyaient bien quelles tempetes samoncelaieut derriere ces
discussions de 81110728. Mais, il faut le dire, l'agitation etait dans la soeiete.
Les anciennes etudes theologiques, ces serieuses et graves meditations
des docteurs des xueet X1118 siecles,avaient fait leur temps, la soeiete
reclamait autre chose; Yetude du droit, fort avancee alors, venait pro-
tester contre l'organisation feodale. Francois l" fondait en France des
chaires de droit romain a l'instar de celles de Bologne; il dotait un
college trilingue, dont Erasme eüt ete le directeur si Charles-Quint ne
nous l'eut enleve. On seprenait exclusivement des lettres antiques. (Yetait
un mouvement irresistible comme eelui qui, au X110 siecle, avait fait sortir
la soeiele de la barbarie; mais cette fois ce u'et.ait plus la theologie qui
allait diriger ce mouvement, c'etait l'esprit d'examen, le sentiment du
droit naturel; cfetait la societe civile qui se constituait.
Nous zivous dit un mot du peu de succes des tentatives de Charles VllI
pour faire prevziloir en France les arts de la renaissance italienne; comme
ces efforts n'avaient pu entamer l'esprit traditionnel des corporations
d'artisans; nous avons vu (voy. ARCHITECTE) comme a la fin du xv" siecle
la puissance de ces corporations avait absorbe l'unite de direction, et
comment l'architecte avait peu 51 peu disparu sous l'influence separee de
chaque corps d'etat agissant directement. ljltalie, FIOPGHCG, 30m0 Sur-
tout, avait appris a nos artistes, ne fut-ce que par la presenee eu Wance
de ces hommes amenes par Charles Vlll et auxquels on voulait confier la
direction des travaux, que ces merveilles tant admirees au dela des Alpes
etaient dues non pointa des corps de metiers agiSSHHL Säpafälnent, müiS
a des artistes isoles, a des architectes, quelquefois sculpteurs et peintres
"en meme temps, soumettant les ouvriers ä YHHÜÜ de ÜiPOCÜOH- Ün v0it
surgir 50115 le regne de Francois l" des hommes, en France, qui, a
l'imitation des maitres italiens, et par la volonte de la cour et des grands