Volltext: [Abaque-Aronde] (T. 1)

[ ARCHITECTURE ]  156  
pas de place a cette admiration calme que doit causer toute oeuvre d'art. 
Lcssurfaces sont tellement divisees par une quantite innombrable de 
nerfs saillants, de compartiments decoupes, qu'on n'apercoit plus nulle 
part les nus des constructions, qu'on ne comprend plus leur contexture 
et leur appareil. Les lignes horizontales sont bannies, si bien que l'exil, 
lorce de suivre ces longues lignes verticales, ne sait on s'arreter, et ne 
comprend pas pourquoi Pedifice ne s'eleve pas toujours pour se perdre 
dans les nuages. La sculpture prend une plus grande importance, en 
suivant encore la rnethode appliquee des le X1118 siecle. En imitant la 
flore, elle pousse cette imitationa Yexces, elle exagere le modclc; les 
feuillages, les lleurs,ne tiennent plus a la construction, il semble que les 
artistes aient pris a tache de faire croire a des superpositions luetriliees: 
il en resulte une sorte de fouillis qui peut paraitre surprenant, qui peut 
etonner parla difflculte de Yexecution, mais qui distrait et fait perdre de 
vue l'ensemble des edilices. Ce qu'il y a d'admirable dans Forncmentation 
appliquee a l'architecture du XIIIÜ siecle, c'est sa parfaite harmonie avec 
les lignes de l'architecture; au lieu de gcner, elle aide a comprendre 
l'adoption de telle ou telle forme : on ne pourrait la deplacer, elle tient 
ä la pierre. Au XVe sieole, au contraire, Vornementation n'est plus qu'un 
appendice qui peut etre supprime sans nuire a l'ensemble, de meme que 
l'on enleverait une decoration de feuillage appliqueea un monument 
pour une fete. Cette recherche puerile dans l'imitation exacte des objets 
naturels ne peut s'allier avec les formes rigides de l'architecture, d'autant 
moins qu'au xve siecle, ces formes ont quelque chose (Yaigu, de rigoureux, 
de geometriquc, en complet desaceord avec la souplesse exagcree de la 
sculpture. L'application systematique dans l'ensemble comme dans les 
details de la ligne verticale, en depit de Fhorizontalite des constructions 
de pierre, choque le bon sens, mcme lorsque le raisonnement; ne vient 
pas vous rendre compte de cet ellet. (Voy. APPAREIL, TRAIT.) 
Les architectes du X1116 siecle, en diminuant les pleins dans leurs 
ediliccs, en supprimant les murs et les remplagant peu äpeu par des 
a-jour, avaient bien etc obliges de garnir ces vides par des Qlaifes-xioies 
de pierre (voy. MENEAU, Rose); mais il faut dire que les compartiments 
deapierre decoupee qui fOPIHGHt COmme les clotures ou les chässis de 
leurs baies sont combines suivant les regles de la statique, et que la pierre 
conserve toujours son role. Au XIVe siecle deja, ces claires-voies deviennent 
trop greles et ne peuvent plus se maintenir qu'a l'aide d'armatures de fer; 
cependant les dispositions premieres sont conservees. Au xve sieele, les 
claires-voies des baies, ajourees comme de la dentelle, prescntant des 
combinaisons de courbes et de contre-courbes qui ne sont pas Suffisam- 
ment motivees par la construction, donnant par leur Section des formes 
prismatiques aigues, ne peuvent plus etre solidement maintenues qu'il 
l'aide d'artifices d'appareil ou de nombreux ferrements, qui deviennent 
une des premieres causes de destruction de la pierre. Non contents de 
garnir les_ baies par des chassis de pierre traces sur des epures compliquees,
	        
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