est venu d'etudier l'art du moyen tige comme on etudie le developpe-
ment et la vie d'un etre zmime qui de l'enfance arrive a la vieillesse
par une suite de transformations insensibles, et sans qu'il soit possible
de dire le jour ou cesse l'enfance et ou commence la vieillesse. Ces
raisons, notre insuffisance peut-etre, nous ont (ltätüfllllllll il donner a
cet ouvrage la forme d'un Dictionnaire. Cette forme, en facilitant les
recherches au lecteur, nous permet de presenter une masse conside-
rablc de renseignements et d'exemples qui n'eussent pu trouver leur
place dans une histoire, sans rendre le discours confus et presque in-
intelligible. Elle nous a paru, precisement a cause de la multiplieite
des exemples donnes, devoir etre plus favorable aux etudes, mieux
faire reconnaitre les diverses parties compliquees, mais rigoureuse-
ment deduites, des elements qui entrent dans la composition de nos
monuments du moyen fige, puisqu'elle nous oblige, pour ainsi dire,
a les dissequer separement, tout en deerivant les fonctions et les trans-
formations de ces diverses parties. Nous n'ignorons pas que cette
complication des arts du moyen age, la diversite de leur origine, et
cette recherche incessante du mieux qui arrive rapidement a l'abus,
ont rebute bien des esprits, ont ete cause de la repulsion qu'on eprou-
vait et qu'on eprouve encore pour une etude dont le but n'apparait
pas clairement. Il est plus court de nier que d'etudiei' : longtemps on
n'a voulu voir dans ce developpement d'une des facultes intellectuelles
de notre pays que le chaos, l'absence de tout ordre, de toute raison;
et cependant, lorsqu'on penetre au milieu de ce chaos, qu'on voit
sourdre une a une les sources de l'art de l'architecture du moyen äge,
qu'on prend la peine de suivre leur cours, on decouvre bientot la pente
naturelle vers laquelle elles tendent toutes, et combien elles sont fe-
condes. ll faut reconnaitrc que le temps de la negation aveugle est
deja loin de nous : notre siecle cherche a resumer le passe; il semble
reconnaitre (et en cela nous croyons qu'il est dans le vrai) que pour se
frayer un chemin dans l'avenir, il faut savoir d'on l'on vient, profiter
de tout ce que les siecles preeedcnts ont laborieusement amasse. Ce
sentiment est quelque chose de plus profond qu'une reaction contre