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barbares du moyen age; nous devrons nous borner a indiquer des points
asaillants, generaux, qui seront comme les jalons d'une route a tracer.
Ainsi que nous l'avons dit, le systeme politique et administratif em-
prunte par Gliarlemagne aux traditions romaines avait pu arreter le
desordre sans en detruire les causes. Toutefois nous avons vu comment ce
prince jetait, en pleine barbarie, des elements de savoir. Pendant ce long
regne, ces semences avaient eu le temps de pousser des racines assez
vivaces pour qu'il ne fut plus possible de les arracher. Le cierge s'etait
fait le depositaire de toutes les connaissances intellectuelles et pratiques.
lteportons-nous par la pensee au 1x8 siecle, et examinons un instant ce qu'e-
tait alors le sol des Gaules et d'une grande partie de l'Europe occidentale.
La feodalite naissante, mais non organisee ; la guerre; les campagnes cou-
vertes de forets en friche, a peine cultivees dans le voisinage des villes. Les
populations urbaines sans industrie, sans commerce, soumises a une orga-
nisation municipale decrepite, sans lien entre elles; des villw chaque jour
ravagees, habitees par des colons ou des serfs dontla condition etaita peu
pres la meme. L'empire morcele, dechire par les successeurs de Charle-
Inagne et les possesseurs de fiefs. Partout la force brutale, imprevoyanle.
Au milieu de ce desordre,seule, une classe d'hommes n'est pas tenue de
prendre les armes ou de travailler a la terre; elle est proprietiaire d'une por-
tion notable du sol; elle a seule le privilege de s'occuper des choses de l'es-
prit, d'apprendre et de savoir; elle est mue par un remarquable esprit de
patience et de charite; elle acquiert bientot par cela meme une puissance
morale contre laquelle viennent inutilement se briser toutes les forces ma-
terielles et aveugles. C'est dans le sein de cette classe, c'est a l'abri des
murs du cloitre que viennent se refugier les esprits eleves, delicats, refle-
cliis; et, chose singuliere, ce sera bientot parmi ces hommes en dehors du
siecle que le siecle viendra chercher ses lumieres. Jusqu'au x18 siecle cepgn-
d ant, ce travail est obscur, lent; il semble que les etablissements religieux,
que le cierge, soient oecupes arassembler les elämems d'une Civihsaliün
future. Rien n'est constitue, rien n'est deüni; les luttes de chaque jour
contre la barbarie absorbent toute l'attention du pouvoir clerieal, il parait
merne epuise par cette guerre de detail. Les arts se ressentent de cet
etat incertain, on les voit se trainer peniblement sur la route lracee par
Gliarlemagne, sans beaucoup de Progres; la renaissance romaine reste
stationnaire, elle ne produit aucune idee feconde, neuve, hardie, et, sauf
quelques exceptions dont nous tiendrons compte, l'architecture reste enve-
loppee dans son vieux linceul antique. Les invasions desNormands viennent
(tailleurs rendre plus miserable encore la situation du pays; et comment
l'architecture aurait-elle pu se developper au milieu de ces ruines de
chaque jour, puisqu'elle ne progresse que par la pratique? Cependant
ce travail obscur de cloitre allait se produire au jour.
DEvsLorrEMENr DE ÜARCIIITECTURE EN FRANCE DU x18 AU XVIÜ silicium.-
DES causes QUI ONT ANENE SON PROGRES ET SA DEcAnENcn-Dns nirriäinzivrs
STYLES raornns A CHAQUE PROVINCE. -Le x10 siecle commence, et avec lui