Volltext: [Abaque-Aronde] (T. 1)

f ARCHITECTE j  111,  
xv" siecle et au commencement du xvi", oü cet esprit d'anarchie se 
rencontre a chaque ligne. Le chapitre de lteims, apres l'incendie qui, 
sous le regne de Louis XI, detruisit toutes les charpentes de la cathedralc 
et une partie des maeonneries superieures, veut reparer le desastre ; il fait 
comparaitre (levant lui chaque corps d'etat : maeons, charpentiers, plom- 
biers, serruriers, et il demande Z1 chacun son avis, il adopte separemenf 
chaque projet (voy. DEVIS). Nous voyons aujourd'hui les resultats mons- 
trueux de ce desordre. Ces restaurations, mal faites, sans liaison entre 
elles, hors de proportion avec les anciennes constructions, ces oeuvres 
separees apportees les unes a cote des autres, ont detruit la belle harmonie 
de cette admirable eglise, et compromettent sa duree. En effet, le char- 
pentier, preoccupe de l'idee de faire quelque chef-d'oeuvre, se souciait peu 
que sa charpente fut d'accord avec la maconnerie sur laquelle il la plan- 
tait. Le plombier venait, qui menageait Fecoulement des eaux suivant son 
projet, sans sinquieter si, a la chute du comble, elles trouveraient leurs 
pentes naturelles et convenablement menagees dans les cheneaux de 
pierre. Le sculpteur prenait l'habitude de travailler dans son atelier ; puis 
il attachait son oeuvre a Pedifice comme un tableau a une muraille, ne 
comprenant plus qu'une ceuvre d'art, pour etre bonne, doit avant tout 
etre faite pour la place a laquelle on la destine. Il faut dire a la louange des 
architectes de la renaissance, qu'ils surent relever leur profession avilic 
au XVe siecle par la preponderance des corps de metiers, ils purent rendre 
a l'intelligence sa veritable place; mais en refoulant le travail manuel au 
second rang, ils Fenerverent, lui enleverent son originalite, cette vigueur 
native qu'il avait toujours conservee jusqu'alors dans notre pays. 
Pendant les X111" et xiv" siecles, les architectes laiques sont sans cesse 
appeles au loin pour diriger la construction des eglises, des monasteres, 
des palais. C'est surtout dans le nord de la France que l'on recrute des 
artistes pour elever des edifices dans le goüt nouveau. Des ecoles laiques 
d'architecture devaient alors exister dans Plle-de-France, la Normandie, 
la Picardie, la Champagne, 13 B011Pä0gne, en Flandre et sur les bords du 
Rhin. Mais les moyens d'enseignement n'etaient probablement que l'ap- 
prentissage chez les patrons, ce que nous appelons aujourd'hui les alc- 
liers. L'impulsion donnee a la {in du Xne siecle et au commencement du 
xur a l'architecture fut l'oeuvre de quelqueghmnmgs, Cap l'architecture, 
a cette epoque, est empreinte d'un caractere individuel qui n'exclut pas 
Yunite. Peu apeu cette individllälitä feiface : on voit que des regles, 
appuyees sur des exemples HÜOPtes comme types, setablissent; les carac- 
teres sont delinis par provinces; on compose des methodes ; l'art enfin 
devient, a proprement parler, classique, et s'avance dans cette voie tra- 
cee avec une monotonie de fOYmÜS, quelque 011059 de DFÜVÜ 1121118165 
combinaisons, qui devait necessairement amener chez un peuple doue 
d'une imagination vive, avide de nouveaute, les aberrations et les tours 
de force du xv" siecle. Quand les arts en sont arrives a ce point, l'excen- 
lion l'emporte sur la conception de l'ensemble, et la main qui faqonnc
	        
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