d'exces pour que, en 1294, Philippe le Bel edictat une ordonnance restrictive qui dit a que
nulle bourgeoise n'aura char. n
Sous le regne de Charles V, soit par suite de cette interdiction, soit pour toute autre
cause, les voitures pour le transport des personnes etaient encore rares, mais il n'en etait pas
de meme des charrettes qui circulaient en grand nombre. Chars de luxe ou charrettes de tra-
vail, tous ces vehicules, selon l'usage antique, etaient poses directement sur l'essieu des
roues. Le premier carrosse a coffre suspendu qui paraisse avoir ete employe chez les mo-
dernes -fut celui de la reine Isabeau, qui lui servit en 1405 lors de son entree solennelle a
Paris; c'est au moins le premier dont on ait garde le souvenir. Cinquante ans apres, sous
Charles VII, les ambassadeurs de Ladislas V, roi" de Boheme et de Hongrie, oifrirent a la
reine un clziariot branlant et moult riche, qui fit la surprise et l'adn1iration du peuple et de
la cour; cependant les progres de ce genre furent lents en France. Les carrosses etaient
encore si rares a Paris sous Hcnri IV, que le roi n'en avait qu'un pour la reine et pour lui.
L'espece de chariot dans lequel il fut assassine avait son plancher portant sur les essieux,
et une sorte dümperiale soutenue par quatre montants de bois d'on pendaient les rideaux de
cuir de cette voiture non autrement close. Le Hollandais Williem Boonen, qui y devint le
carrossier de la reine, avait importe le premier en Angleterre l'usage des carrosses suspen-
dus, des 1564.
Le char d'honneur ou carrosse du quinzieme siecle n'etait encore que le char a bancs dont
on setudiait a rendre l'usage supportable en suspendant d'abord les banquettes par des 'cor-
des, des lanieres de cuir, ou en les appuyant sur des coussins rembourres ou sur des lames
de ressort en acier.
Le plus primitif de ces chars, le plus proche de la charrette agraire, est fait de bois dores,
et sa couverte non fixee, dont on se preservait selon le cote du soleil, est rouge et ornee. On
montait par devant dans cette charrette, sans le secours apparent d'aucun etrier. L'attelage
en Heche et mene par un postillon, netait pas de nature a faciliter beaucoup, dans les tour-
nants, la conduite de ce chariot d'une noble dame.
L'autre exemple montre ce char a bancs avec de certaines arneliorations; c'est une voi-
ture a coffre, dest-a-dire entouree de panneaux allant jusqu'a hauteur d'appui, et surmontee
d'un berceau en arceaux relies par des traverses, mais avec une interruption sur le cote pour
permettre Pentree laterale. Une portiere, retenue par un verrou, facilite cette entree laterale,
que cette peinture montre avoir ete imaginee au quinzieme siecle; mais ce ne fut qu'au sei-
zieme que l'on eut Pidee d'y fixer un marchepied. Le poele de cette riche voitine est fixe et
prend le caraetere de Piniperiale. Le ciel de la voiture, qui consiste ici en une riche cou-
verte brodee d'or, etait un des luxes et des privileges de la voiture romaine, et soit que les
Celtes eussent apporte avec eux Pidee de ceremonie attaehee a la beaute et meme a l'usage
de la couverte de leur voiture, soit qu'ils en aient emprunte le prejuge aux Romains, on
attachait, pendant le moyen age, beaucoup d'in1porta11ce a la beaute du poelelde la voiture.