d'habiller leurs jambes de deux couleurs diiferentes : l'une etait blanche, jaune, verte,
l'autre noire, bleue ou rouge; on portait meme des souliers de couleurs differentes.
Le costume d'apparat, des gens affichant la gravite, celui des hommes de loi et des
hommes de plume, conserva l'ampleur des surcots et des manteaux, a l'encontre des nou-
velles modes adoptees d'abord par la jeunesse. Les deux manieres d'etre firent, des lors,
diviser la societe en gens de robo courte et gens de robe longue.
L'habillement que nous representons, et dont on a vu l'origine meridionale, exista simul-
tanement en Italie, en France et en Angleterre. Nous n'y voyons pas encore figurer l'im-
mense chaperon a cornette allonge-Se tombant dans le dos et allant battre les jambes, ni
les longs bouts de manches tombant du coude et souvent trainant jusqu'a terre. La
jaquette n'a partout ici que des demi-manches sans la coudiere. Les manches du pourpoint
ou gcjoovz serrent les bras dans toute leur longueur ; pour mieux brider, elles etaient fendues
et boutonnees a partir du coude; elles se terminaient souvent par un evasement appele
nzonÜIes, moins grand et moins allonge qu'il ne le fut plus tard. On tenait a un ajustement
rigoureux de la jaquette en suroot sur le corps, et tel que ce vetement ne fit pas un seul pli.
Pour etre mieux tendue Petoffe etait ouatee et fortement rembourree en bosse a l'estomac,
bosse dont la forme exageree est un des caracteres du costume de ce temps. La ceinture etait
descendue au haut des cuisses, presque au bord de la jaquette, et quelquefois au bord meme
du vetement, comme on le voit ici. Nous y trouvons le poignard, le badolaire ou bazelarfre,
qu'on y suspendait, mais non la bourse ou gibeciere qu'il fut de mode d'y joindre.
La jaquette est fermee sur le devant par une rangee de boutons; les boutonnieres
etaient cousues avec de la soie dans les vetements riches; on mettait aussi des boutons au
bas des manches. Il ne semble pas qu'on en füt encore aux armoiries brodees sur les ve-
tements, mais le temps en etait au moins proche, puisqu'on voit ici un surcot royal ou sont
brodees en quinconce les initiales du souverain qui le porte. Les autres sont, plus ou
moins, ornes de broderies rehaussees de perles, ou meme de dessins formes par des perles
seules, comme on les voit dans le surcot mi-parti du roi dont nous venons de parler; on
mettait des perles aux ceintures, aux couronnes, aux chapeaux, et jusqu'aux souliers. Les
chausses etaient de drap : c'etait lüäcarlafe de Bruxelles, Pyraigno, araignee d'Ypres ou
d'autres tissus qui se faisaient a Rouen et ä Montivilliers.
Le chaperon, tel qu'on 1e voit au n" 4, est coiffe en maniere de capuchon recouvert d'un
tout petit chapeau a forme conique. La plume d'autruche dont il est orne etait alors une
chose rare, fort recherchee, que l'on payait au poids de l'or.
Le manteau porte par le no 8, manteau fendu sur le cote, taillade par en bas, et la cloche,
dont l'ouverture etait par devant, etaient les seuls pardessus de mise avec l'habit court; la
cloche servait surtout aux cavaliers; ce seigneur porte le chaperon postiche que l'on appelait
rondeau, et aussi cloche, probablement parce qu'on le mettait avec le manteau de ce nom
Le vetement du citadin, comme on peut en juger par le voisinage, etait tout a fait de