tait en tete 1e guidon des eclaireurs, Pätendarzl, la
banniäre et enfin le pan-non.
Uetendard qui, suivant Froissart, doit s'ajouter a
1a banniere et au pennon, etait une grande piece d'e-
toffe fendue au milieu et termines par deux pointes.
Ce drapeau devait etre attache a la hampe comme
1a banniere, car ce ne fut qu'a la fin du quinzieme
siecle que l'on eut Pidee de reprendre 1e manche en
forme de T, selon le mode du vezillzam antique. Ileten-
dard semble n'avoir eu d'autre rüle que d'indiquer
par son volume la place du general; et cette place
etait le plus souvent en avant dans la tactique an-
cienne, le chef, (lux, y faisant l'office (Yentraiivzeur et
se jetant dans la mälee de maniere a ce que Parmee
se precipitat apres lui pour ne point laisser compro-
mises sa personne et ses enseignes.
La banniere semble de tous ces drapeaux celui qui
eut le caractere le plus personnel; elle etait tou-
jours decoree des armoiries ornant l'eau de cheva-
lier, et si, dans les obseques des rois, on faisait flotter
le guidon , Petendard et le pennon , detait, ainsi que
dans l'ordre de bataille, la banniere qui suivait au
plus pres le chevalier dans son cercueil.
Les bannieres feodales propres aux seigneurs, les
bannieres communales speciales aux communes, les
devises inscrites sur ces drapeaux, avaient toutes un
caractere individuel; leur loi etait la diversite, et
les bannieres ne comporterent pendant longtemps
aucun signe distinctif de nation, ou meme de parti.
Ainsi qu'on peut l'observer ici, l'insigne du ralliement
national franqais, la croix rouge adoptee pour les
croisades qui se trouve sur la cotte, ne ügure pas sur
la banniere; et cela est conforme aux donnees de
Froissart qui ne dit point que de son temps la croix
du ralliement fut mise sur les etendards. C'est seule-
ment vers la {in du quinzieme siecle qu'elle parait
y avoir ügure. S'il est vrai que, suivant un usage"
probablement emprunte aux croisades, on trouve la
croix sur les pavillons des nations maritimes des
1375, que l'on voit la croix de Jerusalem sur des
ctendards du douzieme siecle, qu'on la trouve encore
sur les enseignes et jusque sur les bannieres reli-
gieuses d'un manuscrit de 1a Glu-unique de Char-
les VII execute sous Louis XI, ce manuscrit lui-
meme constate que la croix nationale ne se mettait
pas encore sur les bannieres, pennons et etendards
charges (Tarmoiries. C'est une regle absolue, et on
ne rencontre dans aucun monument anterieur au sei-
zicme siecle, la croix blanche, enseigne nationale de
la-France, sur 1e fond bleu fleurdelise de ses rois. Le
mot enseigne, au moyen äge, ne signifie pas seule-
ment drapeau; il s'applique ah cri d'armes, ä. 1a.
bande, ä.1_a. croix, au bijou attachä sur la toque, ä
ä toute marque distinctive en dehors du signuwn, pre-
nant 1e sens de Yinsignis latin.
NO 23. Costume de guerre du temps de Philfppe Je
Valais (1328-1350) (premiäre partie de la guerre
de cent ans).
Ce personnage porte le chapeau de Montauban, adopte
pendant les croisades par les chevaliers qui ne pou-
vaient supporter le heaume ferme. Cette coiffure sans
jugulaire est placee sur un capuchon de mailles mo-
bile, le camail, pose lui-mäme sur un capuchon de
laine. Chausses et solerets en plaquettes de fer, epe-
rons rives aux solerets (detail,n0 17); cet eperon n'est
point a molette, quoique l'usage en existat depuis lc
declin du treizicme siecle.
La defense des epaules et des bras au moyen de
plates est en progres ; elle se complete d'avant-
brassards de cuir prolonges couvrant la maille ;le
harnais des jambes contient les cuissots, les genouil-
lifres, les Jlzmbiärcs aussi appelees grives ou greviäres.
Le buste continue a ätre arme selon l'ancien systcme,
avec double plastron en plaquettes, haubergeon et
hoqueton, recouvert de la cotte d'armes serree a la
taille par 1a ceinture. De cette ceinture pend le bau-
drier portant 1a dague ä. manche de bois, et Pepcc
dont, jusqu'au regne de Louis XI, 1a poignee a, ge-
neralement, un pommeau rond ou legerement ovale
et une garde droite. La lance chevaleresque, devenue
plus longue de fer et de bois, avait pris alors le nom
de glaive. Elle n'etait plus comme autrefois deco-
ree d'une longue banderole, et il fallait etre baron
ou simple gentilhomme pour y porter 1a banniere
ou le pennon.
Le grand bouclier qui figure ici et dont la. forme
rappelle celle du scutum des legionnaires romains
provient du changement de tactique qui se produisit
a la suite du desastre de Orecy, en 1346. L'homme
d'armes modiüa. son armement et sa maniere de com-
battre ; il descendit de cheval, au besoin, jusque pen-
dant une partie du quinzieme siccle. Ce fut alors
qifapparurent les grands boucliers, pävas, palevas ou
talevas, couvrant le combattant presque en entier. Les
gentilshommes les faisaient porter devant eux par
leur valet, nomme par les contemporains pasveschier
ou pasvesclzeur. Le pavois, qui etait aussi le bouclier
de Parbaletrier, servait surtout dans les sieges, on
Froissart montre les hommes d'armes entres dans les