Volltext: Planches et notices 201 - 300 (T. 4)

deux mains reunies sur sa poignce allongee avait 
fait de Fepee comme une arme nouvelle. La. longueur 
moderee qu'elle eut pendant la premiere moitie du 
siecle, ou on la ceiguait, parut d'abord suüire. Elle 
ne devait pas tarder a. devenir la grande epee qui, 
employee surtout comme arme de taille faussant les 
heaumes et les ailettes ou spalieres, etait une barre 
de fer a section quadrangulaire etä pointe tres solide. 
La poignee des grandes epees ä. deux mains etait 
tres longue, parce qu'il fallait que les mains fussent 
distantes l'une de l'autre pour les bien manoeuvrer. 
L'intervalle entre la. garde et la fausse garde etait 
garni de peau, afin de permettre de porter la main 
droite sur ce point pour retenir le fouet de la lame 
ou fournir un coup droit. Il est de ces lames qui ont 
jusquüä. cinq pieds et plus de longueur. Certains 
tranchants de lames sont ondes pour blesser plus 
dangereusement hommes et chevaux. 
Ce fut vers 1300 que l'on eut Yidee du Imcinet, le 
casque substitue a la calotte de fer ou cerveliere, que 
des la En du douzieme siecle, les hommes d'armes 
portaient sous le heaume pour combattre. Le heaume 
etait si genant que, la plupart du temps, on prefe- 
rait le laisser suspendu ä. l'argon de Pecuyer; mais 
le capuchon de mailles recouvert de la calotte de fer, 
laissant une partie du visage a decouvert, ne cons- 
tituait qu'une defense insuffisante. Pour la completei" 
on y adjoignit un viaire, cfest-a-dire une piece de fer 
mobile couvrant le visage au besoin, pouvant se rele- 
ver ou s'enlever facilement a volonte, et c'est cette 
visiere mobile qui constitua les premiers bacinets. 
La singuliere physionomie du bacinet a museau, 
a bec d'oiseau, comme celui que porte Duguesclin, 
dont les nos 1, 2, 4, 7 et 8, offrent des variantes, 
fut le resultat des causes raisouuees et d'une expe- 
rience acquise successivement. Uappendice, le viaire 
avance couvrant le visage, ajoute a la cerveliere po- 
see sur le capuchon de mailles, etait necessite par le 
besoin que le combattant eprouvait de se garantir 
contre les eifets des armes nouvelles; a la in du trei- 
zieme siecle, outre la lance, les gens d'armes se ser- 
vaient de l'e'pee large et lourde et de la. masse. Les 
coups portes par ces deux dernieres armes etaient 
surtout les coups obliques et horizontaux ; on se ser- 
vait a pied des coups de pointe, diriges vigoureuse- 
ment, pour renverser l'adversaire. A cheval, les coups 
de taille de Pepee ou de la masse etaient particulie- 
rement adresses, par-dessus le chef de Tecu, a la 
hauteur du cou et du visage; ils etaient violemment. 
sentis a travers le camail, et malgre le heaume, dont, 
par l'effet du choc, 1a paroi s'appuyait sur le visage ; 
ils brisaient le nez ou la machoire. C'est pour parer 
a cette consequence meurtriere que la visiere, jointe 
a la cerveliere bien iixee au crane, prit une forme 
proeminente, en mäme temps qu'on Sappliqua. ä, 
Parreterassez solidement sur le casque pour qu'elle 
ne put devier sous l'effort d'un coup de taille 
oblique, vigoureusement applique. Les visieres pri- 
mitives se relevant et s'abaissant, ou s'ouvrant en 
deux volets, solidement fixecs de chaque cote, fu- 
rent a pivots ou a charnieres avec une fiche qui, 
pouvant etre facilement retiree, permettait d'enlever 
la. visiere meme. Ces visieres proeminentes furent de 
forme ovoide ou en facon de bec aigu; il y en eut 
meme, vers 1310, qui aifccterent la forme d'une 
trompe non detachee, descendant sur 1e cou, mais 
qu'il fallut abanclonner,parce qu'un coup oblique, bien 
assene sur cette trompe adherente, desarticulait la 
visiere en causant la plus dangereuse commotion a 
la tete. 
Tant que la. visiere ne fut pas appuyee a la partie 
inferieuxe sur une piece d'armure rigide, soit sur un 
colletin ou sur une baviere, soit sur le timbre du 
casque prolonge jusqu'aux epaules, le bacinet avait 
de grands defauts; un choc violent en faisait porter 
1e bord inferieur sur le cou. Enfin il ne suffit pas 
d'appuyer seulement ce bord inferieui- sur une piece 
rigide, un coup de lance ou de pointe adresse de bas 
en haut pouvant relever la visiere abaisse : il fallut 
l'y lier, ainsi que- cela fut d'usage au quinzieme 
siecle. 
Ce n'est que sous le regne du roi Jean, vers 1350, 
que cet armement de täte s'additionne d'une baviäre 
rigide sur laquelle porte la visiere abaissee ; l'appen- 
dice de cette baviere liee au casque complete le ve- 
ritable bacinet sous lequel la maille du camail etait 
rivee au timbre ; ce camail, cachant la baviere, n'e- 
tant plus la que pour masquer la jonction du baci- 
net avec 1e corselet, lequel montait tres haut. Toutes 
les formes y etaieut dejä. combinees pour faire de- 
vier les coups de lance et ne pas presenter de surfaces 
normales aux coups de taille. 
Dans ce siecle de fer ou les armes retentissent 
partout en Europe, ou 1a France dechiree par les fac- 
tions, livree aux Anglais, devenue un champ de car- 
nage et de pillage, n'avait plus, pour ainsi dire, qu'une 
industrie, la fabrication des armes, devenues chose 
de necessite si premiere, que la ou le metal man- 
quait, dit M. Quicherat, on prenait les gamitures de 
maison, les ustensiles de menage, pour les convertir
	        
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