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TACTIQUE
DES
ARMEES
FRANQAISES
pose: '10 une avant-garde composee (Yarchers a cheval et de quatorze
ou quinze cents chevaux, commandes par la Ilirc et Xainlzrailles, qui
avait pour mission de talonner les Anglais et de les empechiifr de
Slfätftblilt en lieu fort; '20 la grosse bataille, forte de six mille com-
battants environ, commandes par le connetable, le duc dlllengon
et llunois; la Pucelle se tenait avec ce second corps.
A leur tour, les capitaines anglais etaient incertains. Devaienl-ils
attendre les Franqais ou poursuivre leur retraite? Mais la poursuite
etait active; l'avant-garde franeaisc etait en vue, il ne s'agissait pas
de choisir ses positions a loisir comme a Poitiers ou- a Azincourt.
Les capitaines anglais chercheront cette position favorable : elle ne
se trouvait qu'a un demi-kilomctre, entre un bois et lleglise fortitiee
du village de Patay, en arriere. Pendant que les itnglais se dispo-
saient a occuper ce point, lavant-garde franeaise attaqua resolflment
et mit le desordrf: dans ses mouvements. Arriva la grosse bataille,
qui nicut qu'a achever la victoire en prenant en flanc les corps an-
glais rallies un instant dans les bois. Les terribles archers n'avaient
pas eu le temps meme de ficher leurs pieux en terrefTrois a quatre
mille Anglais etaient hors de combat; Talbot, Suffolk, prisonniers,
et bon nombre de gentilshommes. (4 Telle fut la fin de cette belle ar-
a mec, dit M. Il. Martin dans son Histoire (le Ifrance, qui s'etaitcrue
a destinee a achever la conquete de la France. D Et cependant cette
armee anglaise etait commandee par les meilleurs capitaines; elle
etait composee de soldats habitues aux succcs ; elle avait pour elle_
il faut bien l'avouer la plupart des villes situees au nord de la
_Loire, qui, non-seulementacceptaient la conquete, mais qui fournis-
saient des recrues, des subsides a l'ennemi. Quelle etait donc la
cause de cc changement de fortune"? A la temporisation, a l'incerti-
tude dans les lurojets, au deeousu dans Pcxecution, a Findiffercnce
des populations, succedaient chez les chefs Factivite, la decision, le
coup d'oeil ; chez le peuple, un sentiment tout nouveau d'amour du
pays, de solidarite et de sacrifice. Jeanne avait accompli ce prodige,
et des lors on pouvait larevoir que le 1'619 des feodatix etait fini en
France, et que celui des armees nationales commencait avec l'artil-
lerie pour appui.
Au combat de Lagny ('10 aout 1432), on voit les Francais agir avec
cette decision et cette promptitude qui desormais deconcertent la
tactique methodique des Anglais. Et comme i'l arrive toujours dans
les arme-es qui eprouvent des revers, a la discipline maintenue par
Ilenri V et les grands capitaines qui commanderent les armees an-
glaises de 1112011 11130, succederenl: les querelles entre les chefs et le