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'I'ACTIQI'E
DES
Anmfzris
FRANCMSI
charges; mais alors ils se retranchaient en herse, (lerrii-rtf des pieux
fiches en terre obliquement et aiguises des deux bouts. Les chevaux
venaient senferrer sur ces palissades lITIPFOXVlSGlGS, et ces archers se
servaient alors de la hache, du long marteau ou de la vouge. tliest
alors seulement que la cavalerie anglaise chargeait a son tour.
La superioritti de l'archer anglais etait si bien reconnue, que les
capitaines de cette nation ne paraissent pas s'etre preoccuiwes serieu-
sement tout d'abord de llilnportancc qu'allait prendre l'artillerie en
campagne. Et, en effet, elle faisait plus de bruit que de mal j, quand
on commenga a Ilatteler, son action reellf; nltait guere redoutable ;
cependant l'intervention de l'artillerie deconcertait la tactique qui
avait, pendant pros d'un siecle, si bien reussi aux arme-es anglaises.
On a vu qu'a Crecy, comme a Poitiers et a Azincourl, cette tactique
avait consiste a grouper les forces sur un point suivant un
ordre de front, avec des ailes mobiles, tandis que les Ifraneais ope-
raient en colonne, ou par serics de batailles jalonnees les unes der-
riere les autres. Que les Anglais, une fois leur ordre de. bataille
adopte, n'en changeaient pas pendant l'action, preferaient la defen-
sivc a l'attaque, ou que, siils se decidaient a cc dernier parti, comme
a Azincotirt, detait par une marche du front de bataille tout entier,
en debordant les ailes de ltennemi par des nuees de tirailleurs.
Ayant, de leur cote, la superioifite des armes de jet-l'arelmr en-
voyant douze tleches pendant que Farbaletrier envoyait un carreau,
et la tleche ayant une porte-e egale au moins a celle du trait d'arbit-
lete cette tactique etait excellente; mais quand les troupes fran-
gaises purent mettre en batterie quelques pieccs (l'artillerie de petit
calibre, le front immuable de l'ordre de bataille des Anglais pouvait
etre tres-comproniis. Alors la defcnsive, qui leur avait etc si proti-
table, devenait un peril, car une fois ce front entame sur un point
par l'artillerie, une charge ennemie avait de grandes chances de
succes.
Dans les combats qui eurent lieu autour dTJrlezins pondant le
siege de cette ville, les Anglais parurenl; decoiice1'tüs par la tactique
nouvelle des troupes frangaises, qui, commenqzint l'action par des
volees d'artillerie, se twreeipitaient hardiment sur le point ou les
boulets avaient ete le desordre.
Certes, Jeanne la Pucelle n'apportait pas aux troupes qui tenaient
encore pour le royaume de France une tactique nouvelle, mais c-lle
apportait la confiance et Vactivite, deux qualites essentielles a la
guerre. Elle forqa les capitaines de compter sur ces corps nombreux
des communes, murs pour les combats, car la population des villes