PENDANT
MOYEN
AGE.
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(Fenvelopper les Anglais, la seconde bataille francaise fit la meme
manceuvre que la premiere et eut le meme sort. La reserve ne bou-
gea pas, personne ne Fappela, et quand les deux premieres batailles
furent deconfites, le roi d'Angleterrc lui envoya dire de s'en aller,
si elle voulait eviter le sort des deux premiers corps. Elle tourna
le dos. Presque entierement composee de corps des communes,
cetl.e reserve ne voyait aucun interet a se faire ccharper apres la de-
faite des feodaux. Chacun rentra chez soi pendant que Parmee du
roi dllngleterre, epuisee dans cette lutte, malgre Feclatante victoire
qu'elle venait de remporter, allait s'embarquer a Calais sans ctre
inquietee. Il semblait des lors qu'il n'etait plus possible aux troupes
frangaises, si nombreuses qu'elles fussent, de tenir tetc en rase cam-
pagne, en bcttaillc ptlfllllifjtltfl, comme on disait alors, aux Anglais. Il
s'ccoula dix ans avant que nos corps d'armee osasscnt se mesurer
avec ce terrible ennemi; ou plutot il fallut que la nation, Iatigtlee,
prit elle-meme part a la lutte en s'habituant au metier des armes.
Les hommes de guerre de quelque valeur reprirent alors, vers
11130, la tactique qui avait si bien reussi a du Gueselin. Ils eviterent
les batailles rangees, et ne se preoccuperent que de harceler sans
cesse l'ennemi et de suppleer au nombre et a la force par la rapi-
dite des mouvements et par des attaques imprevues sur plusieurs
points a la fois.
Mais on ne saurait meconnaitre l'importance du role des troupes
des communes a dater de ce moment. Uartillerie, qui deja etait sc-
rieusement employee en campagne, pretait a ces troupes un appui
tout nouveau et tres-propre a en faire ressortir Futilite, d'autant
que cette nouvelle artillerie etait aux mains de ces bourgeois et
vilains, si fort dedaignes par les feodaux de France jusqu'alors.
Il est certain que la super-iorite des armees anglaises avait tenu en
grande partie a leur infanterie des communes, aguerrie et discipli-
nee, et qui, sur le champ de bataille, savait manoeuvrer. En effet,
l'infanterie anglaise, cemposee en grande partie d'archers qui, au
besoin ainsi qu'on le vit a Azincourt-laissaient lä leurs arcs pour
jouer de la hache a deux mains et du couteau, se comportait alors
d'une inaniere exceptionnelle. Les corps d'infanterie du continent,
ne sachant point manoeuvrer, formaient des batailles immobiles,
compactes, dont la cavalerie avait facilement raison. Il n'en etait pas
ainsi de l'infanterie anglaise. Engageant toujours l'action sur le
front de bataille, des que la cavalerie ennemie chargeait, ces archers
se repliaient rapidement sur les ailes et couvraient de fleches les
flancs de l'attaque. Dans certains cas cependant, ils soutenaient ces