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T AU
TQUE
DES
ARMEES
rfnANgAlslcs
ques barons, les comtes de Blois, de Flandre, dZLHeneon, de Savoie
et leurs chevaliers, tenterent une vigoureuse pointe sur le corps du
prince de Galles; mais pendant que les hommes d'amies a pied sou-
tenaient bravement le choc, les archers, les cotitilliers, se jeterent
sur les flancs de l'attaque, et la bataille ne fut plus qu'un massacre.
De cette cruelle legon, la chevalerie frangaise sembla n'avoir tire
qu'un enseignement. Les plus valeureux parmi elle s'etaicnt vaine-
ment. heurtes contre cette troupe du prince de Galles, composee
d'hommes d'armes a pied; on en conclut que dans les batailles
rangees, il fallait faire mettre pied a terre a une partie de la cava-
lerie en faisant raccourcir les lances a la longueur de cinq pieds.
Mais autant cette tactique pouvait etre bonne si l'on occupait une
position avantageuse et si l'on gardait la defensive, autant elle etait
[Jesamment charges, ne pouvaient avoir la mobilite que doit pos-
seder l'infanterie.
ll est certain que les veritables hommes de guerre d'alors, tout
on admettant que la cavalerie composait la force active et reelle des
arme-es, comprenaient qu'on ne pouvait se passer non-seulement
d'une inlanteitie legere, mais de troupes a pied solides et propres
a recevoir un choc sans broncher, qui pusscnt former un noyau,
un point de resistance dans une bataille; car l'infanterie seule est
capable de remplir ce role, a la condition qu'elle soit tres-aguerric,
bien armee et pavoisäe. Mais, nous le repetons, cet ordre de bataille
etait purement defensif comme Petaient nos carres avant les deve-
loppemcnts de l'artillerie. (les troupes d'hommes d'armes a pied
formees en cercle, en triangle ou en carres, immobiles, a l'abri des
fleches et carreaux sous leurs armures et derriere leurs ecus,
armees de lances courtes et de haches, si elles elaient composecs
de soldats experimentes et de sang-froid, pouvaient detier toutes
les charges de cavalerie. Celles-ci tourbillonnaient autour de ces
blocs herisses, et si des compagnies de reserve a cheval venaient
a leur tour fondre en bon ordre sur l'attaque, celle-ci tournait
en deroutiz. C'est ce qui arrivait Citecy.
A la journee de Poitiers, les hommes d'autres frangais mirent
pied a terre cette fois, raecourcirent leurs lances et oterent leurs
eperons, non pour garder la defensive, mais avec l'intention d'atta-
quer, bien qu'ils n'aient pas eu le temps de le faire.
L'armee anglaise se composait de deux mille hommes d'armes et
de six mille archers : ce qui faisait environ six mille chevaux et huit
mille pietons. Ne pouvant eviter la rencontre de Parmee fitancaise,