PENDANT
BIOYEN
AGE.
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Cependant il etait indispensable de donner une imite a ces corps
separes, et c'est pour cela qu'avait ete instituee la charge de conne-
table, qui, si le suzerain commandait en personne, remplissait a peu
pres les fonctions de major general, ou celle de general en chef, si
le suzerain se dechargeait du commandement supreme.
On comprendra de quelle autorite morale il fallait que füt potirvu
ce counetable, ou le souverain lui-meme, pour maintenir Funite
dans ces reunions d'elements si divers. Aussi le commandement
supremc avait-il une importance dont nous pouvons nous faire
une idee, car le moindre echet: devait compromettre son autorite
et conduire a des desastres terribles, ainsi que nous ne l'avons que
trop ÜPFOLIVÜ dans le cours de notre histoire. La discipline, telle
que nous Pentendons, n'existait pas, et ne pouvait etre remplacee
que par un sentiment de confiance entiere en les capacites militaires
du chef. Alors les restiltats etaient merveilleux; on le vit bien lors-
que ces chefs etaient des Philippe-iluguste, et, bien plus tard, des
du Guesclin, des Olivier de Clisson, des Dunois.
Les armes de main a longue portee et l'artillerie n'existant pas,
le role de l'infanterie etait circonscrit. Elle ne pouvait agir qu'en
tirailleurs pour engager une action sur un front de bataille, ou
pour intpiieter l'enne1ni sur ses flancs pendant le combat, ou pour
presenter un rideau de fer en arritl-re de la cavalerie, tierriere lequel
celle-ci püt se rallier et revenir a la charge, comme a la bataille de
Bovines. Une bataille ne pouvait etre gagnee avec de l'infanterie, et
celle-ci ne devait pas s'ecarter de la cavalerie, qui avait absolument
besoin d'elle pour agir efficacement. Ce role relativement secon-
daire de l'infanterie fut la cause du discredit dans lequel on la
laissa tomber en France pendant les XlIle et xiv" siecles. Puis la
noblesse feodale ne tenait point a donner de la valeur a ces troupes
des communes, qui cependant sfetztient si bien conduites sous Phi-
lippe-Auguste. Cette noblesse ne voyait pas sansinquiettides ces
vilains armes participer aux combats. Elle preferait faire ses affaires
seule, quitte 51 se laisser battre a l'occasion, car elle craignait bien
plus les exigences ou les pretentions de ces communes apres des
services rendus sur le champ de bataille, qu'elle ne redoutait les
suites d'un echec entre gentilshommes. Aussi, peu a peu les com-
bats devenaient des tournois a outrance, dans lesquels chacun tenait
a faire preuve personnellement de bravoure, sans se soucier beau-
coup du resultat final.
Ce caractere militaire de la noblesse frangaisc pendant cette
periode explique suffisamment. les defaites de Grecy et de l'oi-