ARMURE
ait etc reellement maintenu, soit que les artistes, auteurs de ces
peintures et bas-reliefs, aient reproduit des formes anterieures a
leur temps; de ceux-la nous ne parlerons pas. Mais, a cote de ces
documents, il en est d'autres qui, pour nous, ont un interet sericux
en ce qu'ils paraissent ctre inspircs par un sentiment de la realite
trcs-frappant; et, en premiere ligne, nous citerons le celebre jeu
(Fechecs d'ivoire qui provient du trcsor de l'abbaye de Saint-Denis
et qui passe pour avoir appartenu a Gharlemagne 1. Ce jeu com-
prend deux cavaliers dont Fequipement differe. L'un (fig. l) nous
montre un homme d'armes vetu d'une lorica composce d'ecailles de
metal, bronze ou fer, posce sur une tunique descendant jusqu'au-
dessous des genoux. Une sorte (Faumussc juste, de peau ou de feutre,
couvre la tcte, et un ccu en forme d'amande est attache au bras
gauche. En A, la figure montre le cavalier de profil du cote droit,
et en B est tracee la cuiller de la selle. Nous ne parlerons pas ici
du harnais du cheval 2. L'autre cavalier (fig. 2 a) est mieux arme.
Le corps et les cuisses sont revctus (l'une sorte de justaucorps de
peau ou de toile couvert de tuiles de metal se recouvrant. Sur la
tete est posee une calotte de metal avec aumusse de peau passant
sous la cotte ; les jambes sont picotegees par des chausses de peau, et
entre les cuissards et ces chausses, a la hauteur des genoux, ou aper-
coit un bourrelet (Fetoffe, comme un calecon serre par le haut des
jambiäres. Ce cavalier porte un bouclier circulaire couvert d'orne-
ments et borde de cercles" de metal. En A, est montre le bras droit
qui tient Pepce. L'avant-bras est nu, et, sous la manche armee, on
apergoit une autre manche dietoffe. En B, est presente le dos de la
cotte couverte de tuiles de metal, et en C la cuiller de la selle. (les
cottes d'armes etaient faites generalement de peau ou de doubles de
toile ; les plaques de metal, quelquefois en forme (Fecailles, mais plus
souvent rectangulaires, ctaient rivces et cousues sur le vetemcnt, qui
etait boucle lateralemcnt de l'aisselle au genou d'un seul cote, sans
quoi il eut ete impossible de se couler dedans. Ainsi les boucles
etant posees du cote gauche, on enfilait la jambe droite, puis le bras
1 C: monument, de la plus haute valeur, est depose aujourd'hui dans le cabinet des
medailles de la Bibliotheque nationale. Toutes ces pieces d'ivoire sont d'une grande
dimension, et, bien que le travail en soit barbare, le caractere des personnages indique
une observation fidele de la nature.
2 Voyez HARNAIS.
3 La figure 1 est la copie fidäle de l'une des piäces; la figure 2, Finterpretation de
l'autre, afin de la rendre plus intelligible. D'ailleurs, pour cette figure 2, on s'est aide de
vignettes de manuscrits datant de la mfeme epoque.