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ARMURE
surfaces glissantes, clerobees, en evitant, autant que possible, les
angles et jonctions qui peuvent donner prise a la pointe du fer. L'oeil,
suspendu au cou par la guige, couvre le bras gauche et peut etre
ramone en avant. On remarquera la selle de ce cavalier avec son
troussequin emboitant le haut des cuisses et ses larges gardes de peau
piquee. Quelquefois, sur le eorselet, on mettait une tres-courte cotte
(Fetolfe, une sorte de chemisette, armoyee ou blanche, et destinee
alors a eviter l'etl'et des rayons solaires sur le fer l.
Uarmurier a supprime, dans la facon de cette armure, toutes
boucles et courroies apparentes, lesquelles etaient souvent brisees
pendant le combat. Les diverses pieces tiennent ensemble, soit par
des rivets, soit par des courroies sous-jacentes, soit par des boutons a
ressort.
Il faut croire cependant que ces corselets presentaient des (lifti-
cultes de fabrication, ou qulon les trouvait souvent trop lourds et
genants, car des tentatives sont faites encore, au commencement du
xv" siecle, pour obtenir un vetement de fer plus facile a faconner, ou
plus souple et plus loger. Un manuscrit de 1404 a 1417 2 nous montre,
dans la collection de ses tres-remarquables miniatures, des hommes
d'armes dont le corps est entierement couvert de cottes de fer com-
posees comme les tassettes, au moyen de lames a recouvrement,
maintenues solidaires par des rivets lateraux (fig. 42). Ces hommes
d'armes portent encore la gorgerette de mailles attachee au bacinet.
Les plates composant ces cottes devaient etre assez souples et
elastiques pour s'ouvrir et permettre de passer les bras, car elles
etaient lixees par derriere au moyen de fortes boucles et courroies
(iig. 43), comme certaines brigantines. Il est certain que cet habille-
ment de guerre etait loin d'avoir la resistance des corselets et tas-
settes, mais il devait coüter beaucoup moins cher; il etait plus leger
et laissait plus de liberte aux mouvements du corps. On tatonnait,
mais en adoptant flefinitivement le fer battu pour le vetement de
l'homme d'armes.
Desormais la partie inferieure de l'armure etait a peu pres iixee
et ne devait plus guere etre modiiiee, mais il n'en etait pas de meme
pour les epaules, le torse et la tete. Lorsque la chevalerie ne com-
battait qu'a cheval, il importait assez peu que les mouvements du
torse et de la tete fussent libres. Le haut du corps agissait par sa
masse immobile lorsqu'on chargeait. Il n'en pouvait etre ainsi des
Dictionnaire.
1 Müme Manuscrit. Tous les ddtails de Wccs arnmrcs sont donnäs dans le
2 BiblioLh. nation, les Merveilles du monde, frauqais.
v.