MANCHE
H A vel tcms zwüicnt grnnz manzrhvs,
H El veslcicnt kcmises hlrmzfhcs;
4- Par li flancs ä lacs siestreneicnt,
u E draz hic-n trainanz feseiut.
u Cil ki la coillier ont omhlüc,
w Dcsuz ses draz l'ont test hutün 1. H
Le duc seul s'est apcrgu du larcin
Apres le banquet, celui qui a distribue les cuillers les compte;
il sapercoit qu'il en manque une, et demande qui n'a pas rendu la
sienne. Personne ne repondant, le due impose silence au reclamant.
Quand chacun s'est retire, le duc appelle un chambellan, et lui dit
d'aller voir tel chevalier, qu'il lui nomme, a son logis, et d'observer
sa contenance. Ainsi fait le serviteur, qui trouve le quidam buvant
avec ses compagnons; il vient rapporter au duc ce qu'il a vu. Va,
dit le duc, trouver ses ecuyers, et en particulier, sans que leur
maitre en sache rien, offre-leur de leur payer, avec des deniers que
tu prendras dans mon tresor, Parriere de leurs gages. Tu te feras
remettre les objets qu'ils auraient pu recevoir de leur maitre comme
fit-compte. Le messager s'acquitte de sa mission, et parmi les gages
qu'il rapporte se trouve la cuiller.
Mais les ecuyers ne manqueront pas de raconter a leur tour, en
particulier, a leur maitre, ce qui est advenu :
Ho
Jä
Ne
Jä
ni moi? fils-t li vhcvalier;
11m1 nul jur cest rcpruviez (1
me uhzarrzu. kcl part irai
nu-z cl Dur: ne revendrai.
Plein de home, le chevalier part des le matin, sans dire le mQLjf
de sa brusque resolution ä ses compagnons. Le duc, informe de ce
depart, monte ä cheval, rejoint le fuyard, le ramene u ä la salle n,
et devant ses hommes lui donne
Tant duns ke se peut bien garir
Sainz Paultrui prendre ne tolir.
Depuis lors, le chevalier fut un de ses hommes les plus (levouäs,
sans que jamais il y eüt de reproches ä lui faire.
Le Roman de Ruu, vers 7031 et SÜIV