JOYAUX
donnait matiere a la critique, leur fabrication, au point de vue de
l'art, etait irreproehable. Les pierres etaient montees en perfection
et faisaient paraitre la vieille monture gothique lourde et grossiere.
Les ouvrages en Iiligranes etaient delicats et charmants, et les perles
admirablement associees aux parures.
Le luxe des habits des dames de la noblesse venitienne, a la lin
du xv" siecle, clepassait ce qu'on peut imaginer, ne ressemblait en
rien a ce que montraient nos toilettes franeaises de cette eporjue. et
dut avoir une inlluence sur nos parures au moment ou la renais-
sance se tit sentir dans les vetements de nos dames. Les joyaux,
sur ces parures venitiennes, etaient prodigues, mais avec une deli-
eatesse rare. Un certain gent oriental donnait a ces riches habits
un aspect original qui ne pouvait manquer de seduire. Sans copier
ces parures, nos modistes de France et nos joailliers ne manquerent
pas de s'en inspirer. Mais Florence eut une inlluenee plus marquee
sur nos modes, et partieulierement sur les bijoux; ceux-ci, en eli'et,
etaient traites avec un art superieur, et s'barmonisaient avec notre
costume mieux que ne pouvaient le faire les bijoux veniliens.
La figure 31 donne la toilette de tete de Baptista Sforza, femme de
Frederic: de Monteleltro, prince cFUrbin l. Les cheveux, blonds, sont
retenus par un voile de gaze bouillonnant au-dessus de la nuque,
tombant sur le derriere du cou, et par un ruban blanc qui s'enroule
autour des meehes tournees sur les oreilles et bride le voile sur le
sommet de la tete. Un riche joyau est attache au point culminant,
et dautresjolies attaches maintiennent les volutes de cheveux, dont
les extremites tombent en meches libres des deux cotes. Un collier
de perles et de pierreries entourees de grains de corail serre le cou.
De ce collier trois tils de perles suspendent un medaillon au bout
d'une chainette d'or. Le corsage est de velours noir, et les manches
de drap d'or avec dessins rouges. ll est aise de reeonnaitre que
cette coiffure ressemble de tous points a celles des dames de la
cour de Louis Xll, au moment on elles se deciderent a laisser de
(rote les cornes, ehaperons, eseoflions et couvre-chef modifies pen-
dantle cours du xve sieele, pour revenir a des formes plus simples.
ll n'en est pas moins evident qu'une pareille coiflure devait encore
demander beaucoup de temps pour etre montee.
Resumoits ce qui a etc dit dans cet article sur la joaillerie fran-
gzaise appliquee a la toilette.
Empreinte du goüt oriental byzantin pendant la periode carto-
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