VOILE
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seigneurs du pays de Gailes. Ceux-ci pretendaient tenir les epees,
dans le cortege du roi, qu'on devait porter devant lui; mais les
seigneurs normands ne le souffrirent pas :
.liij. contes vindrcnt avant,
Chescuns une cspde" saisit,
De bel porter chascuns servit.
Mais le comte Huon fut si fier, qu'il ne daigna se saisir d'aucune,
disant qu'il rfetait pas sergent. Le roi se mit ä rire, et de belle
humeurlui donna sa verge d'or (son sceptre) ä tenir avec charge de 1a
defendre :
u Jeo la prendrai
a Gomc ä seigneur la vus rendrai,
a Suslicndrai-la tant cum vodrez
a Pur le granL fäs qc vus portez
4 Del soc 1, del sceptre cl: la coronc :
r: Dont estes rois ct drcit persane ;
u Et pur Ponur que fet m'avez
u Mc met en voslre iüautez 2. w
(rcäpondit le c!
Si l'orgueil d'un noble vassal ne lui permettait pas de porter Pepee
du suzerain, il ne lui defendait pas, parait-il, de porter la Verge
ou le sceptre. De tout temps la vanite ne s'est pas piquee d'etre
logique.
Au XIVe siecle, on voit les gentilshommes porter des cannes legeres
ou verges, a cheval, pendant certaines solennites, comme signe de
leurs charges a la cour, ou de puissance feoclale. Au xv" siecle, cette
habitude parait adoptee comme complement de toilette, et alors ces
verges etaient souvent tres-precieuses.
On donnait aussi a certaines bagues le nom de verges.
Dans le conte de la Demoiselle cavaliere 3, celle-ci donne a son
amantune verge d'or (bague) emaillee de larmes noires, en signe de
sa fidelite et comme promesse de le prendre pour epoux. Le quidam
l'ayant trompee, la demoiselle trouve moyen de reprendre sa bague,
et se trouve ainsi deliee.
VOILE, s. m. Habillement de tete des femmes, qui remonte il la
plus haute antiquile, fort usite pendant les premiers siecles du
I u Du nlanlcau. v
2 Chron. de Geofroz" Gainzar.
3 Les Cent Nouvelles nouvelles.