TOILETTE
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a norable; car je suis et serai toujours apareillee a vous servir
a ii vostre honneur et a la moye.
Il est inutile, pensons-nous, d'insister sur le cote delicat de cette
narration, dans laquelle la femme est presentee sous un jour plein de
grace et de digne simplicite. Savoir etre simple, meme dans les cir-
constances les plus delicates et les plus perilleuses, est certainement
la marque d'une education morale parfaite.
Ces sentiments eleves chez la femme, nous les voyons sans cesse
exprimes dans les documents laisses par le moyen age.
Le livre des Quatre Dames d'Alain Chartier met en scene, apres
la bataille d'Azinco_urt, les maitresses de quatre chevaliers, lesquelles
se desolent; et en ont-elles sujet. La premiere a perdu son amant,
tue en combattant bravement ; l'ami de la seconde a ete blesse grieve-
ment, et elle ne sait s'il est encore vivant. Celui de la troisiemc est
prisonnier, clle ne peut prevoir Pepoque de sa delivrance. C'est a
qui des trois dames se pretenclra la plus infortunee. Si la premiere
n'a plus que des regrets, les deux autres vivent dans Fanxiete, pire
que les regrets. Vient la quatrieme, et c'est ainsi qu'elle s'exprime :
a Mes dames, qu'allez-vous disant?
n Je suis ä vous contredisant,
u Non pas pour estre dcsprisaut,
u Ou courrouccr
11 Vos cueurs, que je n'ay pas pou cher.
u Mais de ce qui me peult toucher,
u Et que je voy ci reproueher,
a Me fault respondre.
a Force de dueil me vient semondrc
u De mon eas tres honteux espondre,
u Qui me fait tout en lermes fondre :
u Et tiens moins compte
u Du desplaisir que de la honte.
a J'oy l'une de vous qui YRCOIIIPIÜ
l. Que par moy sa mlouleur surmonte,
a Üu par eeluy
Que je cuide meilleur que luy,
K Et Fay ame plus que nully.
u Vous ne parlastes de tel huy.
(t (lr a fuy
u Lascheuxent, et s'en est fuy,
u Dont il a honneur delfuy.
a Et dit-on : pourquoi y fut y ?
a Et ses semblables,
u Quand leurs lasehetez domiuageahltws,
a Et leurs fuites deshonorahles,
1- Ont fait mourir tant de notables