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roi Flore et de la belle Jeantne... a C'est une oeuvre prise au coeur
(f meme de la societe feodale, ce qu'on pourrait appeler une Ilistoirc
u de la vie prioäe au moyen fige; et c'est precisement a ce titre qu'elle
a a une haute valeur, non-seulement litteraire, mais encore histo-
t- rique, parce qu'elle eclaire d'une lumiere naive les moeurs reelles.
a l'esprit domestique de ce temps-la. v
Le roi Flore est veuf et sans enfants; il voudrait se remarier, mais
ne prendre femme moins belle et bonne que n'etait sa premiere.
Un des chevaliers de son conseil prive lui dit qu'il connait une dame
noble de grande vertu et beaute, veuve aussi, sans enfants, et qui a
montre son courage en maintes occasions, et notamment en sauvant
son epoux. Le roi, seduit par la peinture qui lui est faite de la dame et
de ses belles qualites, envoie ce chevalier vers elle en secret pour la
prier de se rendre a sa cour.
Le chevalier se met donc en chemin, arrive au chateau de la dame,
qui a nom Jeanne. Celle-ci le recoit trcs-bien, car elle le connait
depuis longtemps. En secret, le chevalier lui confie l'objet de son
voyage et que le roi Flore la mande pres de lui avec l'intention de
la prendre pour femme. Quand la dame entend ce discours, elle
commencea sourire ce qui lui allait tres-bien et dit au cheva-
lier: a Vostre Rois n'est pas si scienteusl ne si courtois coumeje
if cuidoie, cant il me mande en si ke je voise a li et il me prendera
(f a femme. Ciertes, je ne sui mie soudoiiere 2 pour aller a son cou-
s mont 3; mais dite a vostre Roi, s'il li plaist, k'il viegne a moi, se il
u me prise tant et ainme, et se li soit hiel se " je le veul prendre a
u mari et a espous; car li signor doivent rekestre les dames, ne mie
u les dames les segnours. n
a Dame, dit le chevalier, tout ce que vous venez de me dire je le
repeterai, maisje crains que le roi ne trouve en ceci un peu d'orgueil.
-Il le prendra comme il voudra, reprend la dame, mais a ma
repense il ne manque ni courtoisie ni raison. --N'avez-vous plus rien
a ajouter? Oui: faites au roi mes salutations; je lui sais bon gre
de l'honneur qu'il a voulu me faire. i) La fiere repense de la belle
Jeanne rapportee au roi, a si coumencha a penser, et ne dist mot
H devant grant pieche 5. w
Bien Glevd.
Mercenaire.
3
5
5
Commandement. w
Et qu'il sfeslinlc heureux v
Et demeura longtemps sans dire
mot.