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lances, elle ne tarde guere, dans les moments de crise, {i reprendre la
place qui lui est devolue; or, cette influence abandonnee Si elle-meme
est saine.
La femme, pendant le moyen äge, n'a jamais revendique cette
sorte demancipation que revent pour elle, de nos jours, quelques
esprits malades. Elle avait mieux a faire; elle a fait des hommes, et,
conservant son independance morale, elle a su maintenir en dehors
des luttes, des desordres et des passions du moment, des principes
eleves dans la conduite des choses humaines, qui lui donnaient sou-
vent la valeur d'un arbitre. De serve et d'objet de plaisir quetait la
femme chez les peuples orientaux, elle comptait deja pour quel-
que chose a Rome. Le christianisme ne fit que developper ce que la
societe romaine avait ebauche. L'introduction du christianisme au
sein des populations du Nord et de l'0ccident, d'origine aryenne,
chez lesquelles la femme tenait deja une place honoree, lui donna un
rang qu'elle n'ajamais perdu et qu'elle sut elever tres-liaut pendantles
epoques les plus desastreuses.
C'est pendant la periode feodale que la femme se saisit du role qui
convient le mieux a sa nature, et c'est aussi pendant cette periode
que son influence est la plus reguliere et la plus efficace. Jusqu'alors
on voit des femmes obtenir le rang le plus eleve, entrer dans le
domaine de la politique, exercer sur les affaires une action directe
beaucoup plus souvent nuisible qu'utile. Il suffit, pour en avoir la
preuve, de lire Gregoire de Tours. Mais c'est sous les Carlovingiens
et surtoutä dater du X118 siecle, dest-a-dire au moment de Fapogee
de la feodalite, que le role social de la femme acquiert une ciualitfs
aussi nouvelle que bienfaisante. C'est alors qu'elle devient reelle-
heritiers dignes de soutenir le rang et l'honneur de son seigneur;
fltrelle inculque soigneusement a l'enfant les principes virils qui
doivent assurer lindependance de sa maison, qu'elle s'associe resolil-
ment a la fortune de celui dont elle porte le nom ; devient a l'occasion
son second, souvent son conseil; dirige les affaires interieures, et se
tient resolue, prete a tous les sacrilices, au milieu du ilomaine qu'il
faut garder contre tous.
Mais ce qui caracterise la femme pendant ces sil-clos de luttes
incessantes, c'est son independance et le sentiment de sa ilignitil.
Dans une introduction, tres-bien faite, aux Nouvelles frrmcfrisrs
en prose, du Xlllo sieclc on lit ce passage, a propos du Conte du