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corps que corrompre ou tarir les sources de l'intelligence. (l'est
a dater du XVIB siecle que l'hypocrisie devient endemique; elle se
developpe singulierement pendant le xvnc. Deja sous les derniers
Valois elle etait de mise a la cour, et Agrippa d'Aubigne ecrivait vers
1614, dans son Baron de Feneste, ce passage : a Mais l'abus du
a paroistre en la religion, q-ui est le dernier point, est le plus perni-
a cieux, pour ce que le terme de l'hypocrisie, qui se peut appliquer
a au jeu, a famille, a la guerre et au service des grands, estplus
a proprement voue au fait de la religion... a
Les poetes se permettaient sur le cierge du moyen age des satires
qui ne seraient point tolerees aujourd'hui, et qui, sous Louis XV,
eussent valu a leur auteur une lettre de cachet, au moins.
ll y avait donc au milieu de ces temps confus, desordonnes, une
force vitale qui resistait aux plus terribles epreuves. Cette force vitale
tenait a Feducalion.
Nous n'entendons pas par u education a, la soumission a une
sorte de code de la cieilttä pudrile et lwnnütc, mais l'inoculation
des l'enfance de principes virils, sains, savoir : le sentiment du juste
et de Vinjuste, l'amour de la verite, le developpement de ce qu'on
appelle la conscience; par contre, l'horreur pour le mensonge. l'hy-
pocrisie et l'oppression, pour la pusillanimite en face de Finiquite
et de l'abus de la force. Ueducation ne consiste pas a former des
natures polies, habiles a sauvegarder leur egoisme au milieu des
difficulles; se pretant a tout, fuyant la responsabilite, faciles et
agreables a vivre d'ailleurs, sortes de Panurges faisant les bons
compagnons lorsque le danger est passe et que le ciel est clement...
ljeducation doit viser mieux et plus haut"; son role est moins LVas-
souplir les ames que de les tremper, et c'est bien ainsi qu'on l'en-
tendait pendant cette periode du moyen fige si mal connue et si lege-
rement jugee. Ce que nous avons de meilleur et de plus noble, dans
la sphere morale de notre etat civilise, tient encore a ces epoques ;
et les peuples qui seloignent le plus des traditions qu'elles nous ont
laissees, sont ceux qui inclinent davantage vers la decadence intel-
leetuelle. En France, heureusement, ces traditions sont encore
vivantes dans le CtÜUF des femmes, dans Farmee; et c'est par les
femmes et par Farmee que notre pays, si cruellement eprouve
depuis hienuät un sieele, peut reprendre son rang dans la civili-
sation.
Le role de la femme en Occident, depuis letahlisscment du chris-
tianisme, a pris une importance dont on ne peut meconnaitre la
nature. Si parfois l'influence de la femme a ses eclipses, ses defail-
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