Si barbare que fut le moyen age, il (leveloppaiit ce sentiment du
devoir, ne fut-ce que par orgueil; si faible que fut sa somme d'in-
struction, il apprenait, du moins, a rellechii- avant d'agir, et etait
depourvu de cet ulcere des societes modernes, la fatuile. Aussi, le
trouve-t-on naif. Joinville, qui, certes, est. un homme brave et tou-
jours pret a risquer sa vie s'il s'agit d'affronter un peril et de rem-
plir un devoir. ne nous cache pas "l'homme sous des faux dehors de
mepris du danger. Il en connait Fetendue, le craint et n'en est que
plus inerilzint de le regarder en face. Dans les admirables pages lais-
sees par lui, nulle trace de vanite. Celte plaie etait ignoree du moyen
(l'est qulest effet, dans la societe d'alors, rien ne pouvait la
provoquer.
La vanite n'a fait en France des progres incessants que depuis
Fepoque ou toute valeur relevait de la cour. La vanite fait oublier
les devoirs les plus sacres, et le premier de tous, l'amour du pays.
qui n'est quiun sexitiment collectif de dignile. La vanite, depuis le
xvue siecle, a remplace chez la noblesse feodale l'orgueil, c'est-a-
dire qu'a un vice, si l'on veut, mais a un vice qui produit de grandes
choses et cotoie une tiualite, s'est substituee une faiblesse chez
les grands, un appetit ruineux et avilissant chez les petits : un
dissolvant.
C'est en developpzint la vanite dans toutes les classes, a commen-
cer par l'aristocratie, que le dcspotismede Louis XIV a pu enfoncer
de profondes racines dans la societe franeaise; racines que deux
siecles bientot et des revolutions n'ont pu arracher.
Le moyen age est, nous Paccordous, un regime arbitraire. irre-
gulier, insupportable en maintes circonstances; il n'est jamais avi-
lissant comme l'est l'absolutisme d'un maitre unique et infaillible
qui acheta ou etouffe sous la dorure ce qu'il ne peut vaincre par la
force. Toute l'histoire du moyen tige est un appel contre l'abus.
L'abus est souvent le plus fort, mais il ne peut jamais eleintlre la
revendication. Uopprime est vaincu, trahi, jamais soumis.
(les moeurs sont un enseignement; nous le considerons comme
sain.
Les sentiments religieux sont robustes pondant le moyen fige.
mais cette onervanle religiosile nee avec le xvn" sibcle et singuliix-
rement developpee aujourd'hui n'y trouve pas sa place.
Le catholicisme est dur souvonL, tyrannique et aiveuglo; il ne s'u-
vilit pas par des compromis et nüivilil pas les esprits pur la pratique
de l'hypocrisie. Il brille les hereliquos, mais ifabiilurilit pas les
(unes, et mieux vaul dans linleret d'une sociele, DBUL-ÜUTI. briller les