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a Si bien qu'un jour des Rois ce doubteux animal,
f. Sans cervelle. sans front, parut tel en son bal :
De cordons (vuiperlez sa chevelure pleine,
a Sous un bonnet sans bord fniet a l'italienne,
o Faisoit deux arcs voulez; son menton pincete,
u Son visage de blanc et de rouge empaste,
u Son chef tout empoudre, nous montreront ridee
1- En la place d'un Roy, une putain fardee.
(i Pensez quel beau spectacle, et comufil fit bon voir
o (le Prince avec un buse, un corps de satin noir
a (loupe a Vlilspaguolle, ou (les deehiquetures
a Sortoient des passemens et [les blanches tireures ;
o Et aftin que l'habit skxntresuivit de rang,
ll montrait des manchons gauffrez de satin blanc,
o D'autres manches eneor qui sfestendoient fendues,
1- Et puis jusques aux pieds d'autres manches perdues.
cr Ainsy bien emmanche, il porta tout ce jour
fi Cet habit monstrueux, pareil a son amour :
a Si qu'au premier abord, chacun estoit en peine
u S'il voioit un Roy femme ou bien un homme Royne l.
Il se trouvait, toutefois, un Agrippa d'Aubigne pour flageller jus-
qu'au sang cette recherche dans les habits, ces fagons cffeminees;
des contemporains pour lire et approuver le dur satirique. Et ce-
pendant la physionomie de ces lions de la ÜII du xvi" siecle conserve
encore ce caractere rellechi, caustique et souvent audacieux, qui
appartient a la race, et qui contraste alors avec Fextravagauce du
vetement. Il suffit de regarder les admirables portraits du XVIG siecle
pour constater ce fait curieux? Il est evident que ces mignons, que
ces femmes de mceurs passablement legeres, ont quelque chose dans
la tete. Ce ne sont pas la des etourneaux; ces gens-la pensent-et
savent ce qu'ils veulent. On trouve la trace de ces qualites jusque
dans les portraits des personnages de la premiere moitie du xvu"
siecle; apres quoi, les physiouomies prennent des airs evapores
et distraits. On voit que la futilite ou la fatuite ont remplace cette
bonne nature francaise qui savait joindre l'audace et une certaine
souplesse et mobilite de l'esprit avec la rellexion.
On pourrait faire une curieuse histoire de France rien qu'avec les
portraits qui nous sont restes des personnages remarquables depuis
le xiv" siecle. Y a-t-il, par exemple, des pliysionomies mieux carac-
terisees que ne sont celles de Charles V, dont nous possedons la
' Les Trngiques : Pr1'vzce.v.
2 Voyez la collection du Louvr
plus illustres du xvw sibcle, rcl
e, et l'ouvrage :
xueillis par P. G.
Portraits des personnages frmzgais les
J. Niel, 1848.