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blement beaux, si on les compare a ceux portes sous le regne de
Louis XI, et commodes. Il est certain qu'ils subissent plus encore
que ceux des femmes les influences italiennes. De tout temps, les
hommes apportent dans leurs vetements des modifications plus
radicales que ne le font les femmes. Les expeditions militaires, la vie
prolongee dans des pays etrangers, font subir necessairement aux
habits masculins des changements que n'acceptent pas aussi facile-
ment les femmes, plus sedentaires. Si Fepoque des croisades fait
exception a cette regle, et si, au x11" siecle, les femmes acceptent,
dans leurs habits, tout autant que les hommes, les influences des
modes orientales, c'est qu'alors beaucoup de dames sejournaient
en Syrie avec leurs epoux, et que les armees des croises etaient en-
comhrees de femmes de tout etat, depuis les princesses jusqu'aux
femmes d'artisans. Il n'en etait pas de meme a la fin du xve siecle, et
les armees de Charles VIII et de Louis XII nentrainaient point avec
elles leurs femmes et leurs enfants. Aussi, les dames de la fin du
xv" siecle n'acceptent les modes italiennes que de seconde main et
par oui-dire : c'est une interpretation tres-libre; tandis que les habits
des hommes arrivent a suivre a peu pres exactement la coupe des
vetements d'entre-monts (fig. 29 1). C'est ainsi que notre sejour
en Algerie a introduit, dans le costume actuel des hommes, des
elements qui n'ont produit, sur les vetements des femmes, qu'une
influence a peu pres nulle.
Il faut dire, d'ailleurs, que le vetement des hommes dans l'ltalie
septentrionale, vers la fin du xve siecle, etait assez elegant, pitto-
resque et commode pour exercer une juste influence et pour seduire
les gentilshommes qui faisaient partie des expeditions francaises de
cette epoque. La gritce de la coupe, la richesse des etoffes, etaient
bien faites pour rendre ridicule le vetement etrique et genant du
temps de Louis XI. Mais il y avait surtout alors en ltalie une cer-
taine maniere pittoresque et aisee de porter l'habit, qui devait, plus
encore que la coupe, directement influer sut-des modes francaises.
Tous ceux qui ont sejourne en Italie, notamment a Venise et dans
les Romagnes, sont emerveilles de la faeon avec laquelle les gens du
peuple savent donner a un lambeau d'etofl'e un caractere pitto-
resque et noble meme, par la maniere de le porter. Cette qualite,
qui tend a se perdre de nos jours, etait et devait etre tres-developpee
au xvc siecle. Elle ne manqua pas d'exercer une influence tres-mar-
quee sur le vetement francais.
nos La;
isscrics.