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se11t et se succedent rapidement; deja elles atteignent a l'abus sous
Philippe de Valois. Surviennent les desastres de Crecy et de Poitiers.
Le politique Charles V retablit rapidement les affaires du pays sur
un bon pied ; tout prospere de nouveau. Le luxe des vetements ne
fait pas retour en arriere, mais le costume du regne de Charles V
est commode, bien approprie, elegant et se modifie peu. Sur-
viennent les extravagances des modes sous Charles VI, ces habille-
ments qui content des sommes fabuleuses, ces pelisses d'une ampleur
demesuree avec leurs manches trainant a terre. Azincourt voit finir
cette periode de luxe inoui. Sous Louis XI, la cour est serree, ne
sacritie guere a la vanite. Le vetement, sans reprendre ses belles
et simples formes du X1110 siecle, est du moins contenu dans des
bornes raisonnables. A l'instar du roi, on alTecte une certaine seve-
rite etriciuee dans le port des habits. Sous Louis XII, il se fait, a la
suite des expeditions en ltalie, une revolution dans le costume, mais
sensee; les formes adoptees sont gracieuses et commodes. On sait
a quelles catastrophes terribles ont abouti les abus du luxe dans
.les habits, vers la lin du XVlc siecle, et ce qu'etait alors devenu ce
charmant costume de l'a11rore de la renaissance. Sous Henri IV et
Louis XIII, l'habit reprend des formes raisonnees et raisonnables.
La France renait; elle arrive a un haut degre de splendeur, splen-
deur dont le reflet permet au triste successeur de Louis XIV de
mourir sans etre le temoin d'un cataclysme. Les extravagances de la
mode ne pouvaient plus etre depassees quand eclata la revolution
du dernier siecle. N'allons pas plus loin. Est-ce a dire que Fextrava-
gance des modes prepare les malheurs d'un pays? 011 ne saurait le
pretendre; nous constatons simplement, par ce rapide expose, que
Petat de prosperite du pays, en France comme ailleurs, certaine-
ment nous ne faisons pas une exception coincide avec la
sagesse et le bon goüt dans les vetements, et que, quand cette
sagesse et ce bon goüt font place a Fexces dans l'absurde, on touche
a des epoques calamiteuses. Et cependant _ce n'est pas pendant ni
aussitot apres les grandes catastrophes publiques que les reformes
dans les habits se font sentir; c'est quand, apres ces malheurs, s11r-
vient une ere de sagesse et de droiture dans les esprits. Le luxe
des habits est scandaleux pendant la premiere periode deplorable
du regne de Charles VII, comme il Petait avant le desastre d'Azin-
court, pendant la Ligue autant que sous les dernieres annees du
regne de Henri III, sous le Directoire comme avant 1'789. Il faut,
pour que le vetement reprenne des formes sensees, et de bon goüt
par consequent, le calme, la securite, le travail et un etat intellec-