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dkäloffes moins fines, et ne donnent plus ces plis innombrables qui
sont figuräs sur les monuments peints et sculptäs du milieu du
X110 sieäcle.
il est evident que deja, a la lin de ce siecle, la mode substituait,
aux habillements qui devaient gener les mouvements du corps, des
vetements plus simples, plus commodes et faciles a porter, et qu'on
se distinguait plutot alors par la maniere de porter ces habits que
par leur excessive richesse. Certainement, les sculpteurs, qui nous
ont laisse un si grand nombre de statues du milieu du xne siecle,
obeissaient aux preceptes d'un art hieratique dont l'0rient etait le
pere, lorsqu'ils t.aillaient ces ligures roides et longues qui semblent
etre emmaillottees, mais le vetement adopte alors pretait beaucoup a
ce style de sculpture; et les corps, si bien enveloppes dans ces longues
robes a plis repetes, devaient conserver une certaine roideur dans
le maintien et la demarche, imposee par la forme meme de l'habit.
On peut reconnaitre aisement, en consultant les monuments figures
du X1110 sieclel, que la souplesse dans les gestes, la grace, meme af-
fectee, dans la demarche, remplacent la roideur majestueuse admise
dans le siecle precedent comme le type du bon ton. Cela est d'accord
avec les moditications introduites dans les mteurs et les habitudes,
et l'on pourrait dire, sans trop dexageration, que le x11? siecle clot
la periode heroique du moyen tige. La litteraturc de cette epoque est
empreinte dejit d'un souffle de liberte, d'une verve satirique, sou-
vent meme d'un scepticisme, qui contrastent avec le caractere
archaique des ecrits precedents. Dans les romans du cycle de Char-
lemagne qui datent du XlIle siecle, ce prince est habituellement pre-
sente sous un jour peu favorable, quelquefois meme ridicule. Il est
la dupe de flatteurs et (Fintrigants, et est souvent oblige de coder,
quoi qu'il en ait, a ses barons.
L'esprit gaulois, dans la litterature, reprend le dessus et efface
les dernieres traces de l'influence frnnke ou germanique.
En 1'200, deux cents ans s'etaient ecoules depuis que les Cape-
tiens avaient remplace les Carlovingiens sur le trone francais, grace,
en grande partie, a la repulsioil que la nation gauloise avait pour
l'influence germanique a laquelle etaient demeures tideles les suc-
cesseurs de Gharlemagne. Pendant ces deux siecles, la nation tit des
efforts constants pour retrouver son autonomie.
Les ordres religieux et le cierge seculier contribuerent pour beau-
coup a Fetablissement d'un nouvel ordre de choses; d'autre part, le
mouvement communal qui se developpa pendant les x10 et xne siecles,
et qui n'etait qu'une renaissance du regime des municipes, hftta le