TOILETTE
426
la pcriode brillante des croisades. L'invasion de l'0ccident en Orient
invasion qui atteint les proportions d'une vaste emigration
etait la grosse affaire de cette singuliere epoque. Philippe-Auguste,
apres son expedition de Terre sainte si brusquement terminee, se
consacra tout entier aux affaires d'Occident, et l'on sait avec quelle
persistance et quel succes. C'est a dater de son regne, dest-a-dire
a dater du moment oü Funite francaise commence a se constituer,
que les influences orientales n'ont plus aucune prise sur nos habil-
lements. Deja ce particularisme, comme on dirait aujourd'hui. se
fait sentir dans les vetemenls des Plantagenets, a la fin du x11" siecle.
L'habillement de la statue de Richard Cmur-de-Lion, de l'abbaye
de Fontevrault (lig. 9), s'affranchit deja sensiblement de l'influence
orientale. Les monuments de la meme epoque que nous posse-
dons encore denotent la meme tendancel. Le vetement de Richard
Cteur-de-Lion se compose d'une longue robe de dessous blanche,
tombant aux chevilles, sur laquelle sont poses une seconde robe verte,
fendue lateralement, et un bliaut rouge, egalement fendu des hanches
au bas. Une assez large ceinture est posee sur ce bliaut, au-dessus des
hanches. (le bliaut possede des manches assez larges, richement
bordees, sous lesquelles apparaissent les manches justes de la se-
conde robe. Le bliaut monte a la racine du cou et est ferme par une
aüche. Un manteau bleu, attache devant la poitrine, termine cette
toilette. Les mains sont couvertes de gants blancs avec ornement
d'or sur le dos. Les souliers sont rouges avec broderie d'or et epe-
rons attaches par une courroie noire. Les plis serres et fins des
vetements du milieu du X110 siecle ont disparu. Il en est de meme
de la statue d'Eleanor de Guyenne, femme de Henri Il Plantagenet
(fig. Le vetement de cette princesse est, relativement il ceux
du milieu du x11" siecle, simple. Le corsage n'est plus bride au
corps, il donne des plis souples et irreguliers. Ce n'est pas un bliaut
que porte la reine Eleanor, mais une robe a manches justes, bla11-
che, brodee d'un treillis d'or, retenue autour de la taille par une cein-
ture. Sous l'encolure, enrichie d'une broderie d'or, de cette robe,
on voit passer la premiere tunique ou chemise blanche, attachee
par une petite aliche. Un manteau bleu, seme de croissants d'or et
double de rose, est suspendu par une ganse d'or et tombe derriere
les epaules. La tete est couverte d'une barbette blanche et d'un petit
voile sous la couronne, coiffure qui ne rappelle point celles des
statues du milieu du x11" siecle.
de Glovis
1 Voyez,euLre autresJa statue
tig. 4).
"P, de l'abbaye SaintfGerrmin des Pu
äsUäl
IAUT,