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Cependant, il faut admettre q11e les dames du XIIG siecle em-
ployaient dans leurs vetements certaines etolfes fines et gaufrees au
fer, ainsi que cela se pratique encore en Orient. Ces pieces de vete-
ments etant tries-promptement fripees, il fallait en changer souvent,
sous peine de paraitre porter des lambeaux. D'ailleurs, il est fait
mention des soins que prenaient les dames vetues (le ces habille-
ments flelicats et compliques.
Dans le conte des Cltanotnesses et les Bernnrtlines, de Jean de
Condei, ces deux sortes de dames viennent plaider devant Venus;
les premieres se plaignant q11e les secondes attirent les amants
par leur simplieite et leurs facons douces, les declarant indignes
cependant de captiver les gentilshommes. La plaignante chanoi-
nesse se presente en robe plissee avec graee, recouverte d'un surcot
de Iin lin blanc comme neige. Elle pretend que toutes saines tra-
ditions sont mises a neaut par les eisterciennes, qui, sous leurs
robes grises, n'ont que de faibles attraits, et pour toute qualite
n'offrent qu'une conversation niaise. Sans leurs agaceries et leurs
avances, quel est le chevalier qui songerait a ellesiP- Venus veut
entendre la defense des bernardines. L'une d'elles admet que leurs
cottes grises de (liteaux ne valent pas les manteaux doubles de vair
et les robes trainantes des chanoinesses, mais que, si les gentils-
hommes viennent a elles, c'est qu'elles naffiehent pas la üerle
de leurs rivales, et que ceux-ci preferent la simplicite du ctenr et
une affection vraie a tous ces soins de proprete recherches, fort dis-
pendieux, au total.
Si ce conte ne donne pas une idee fort editiante des moeurs des
religieuses au X111" siecle, il temoigne des soins de toilette que pre-
naient les dames de la classe elevee, puisque les ehanoinesses appar-
tenaient a l'aristocratie.
Le moyen äge n'a cesse de faire emploi du fard. des on-
guents destines a conserver la douceur et la fraicheur apparente
de la peau; mais c'est a la (in du XIVB siecle quo ces accessoires
de la toilette ont ete surtout employes, jusque sous le regne
de Charles VII. Il y a eviclemment, pendant le xnrf siecle, un
retour vers la simplicite, et c'est aux charmes naturels que les
poätes rendent hommage. Voici la description d'une toilette de
jeune femme de ce temps, parmi tant d'autres que l'on pour-
rait citer :
i Commencement du XIIIÜ siizcle. Voyez l'analyse complütc
p. 251, des Contes et fablinzecc de Legrand dUhlssy.
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