JOYAUX
il se developpziit a peine apres la periotle de sobriete relative que
marque notre XllIÜ siecle. Les coitfures des femmes sont dejit d'une
richesse qui nkätait plus de mise en France dans la noblesse depuis
le xuu siecle, mais qui ne tarda pas a etre depassee. Il est un fait.
etrange dans l'histoire de notre pays : le luxe des habits semble
saccroitre dans les epoques calamiteuses. Ainsi le X1115 siecle est un
des plus presperes de notre histoire. Pas de guerres importantes
a Finterieur; un developpement prodigieux dans les travaux de l'in-
telligence et de la prosperite materielle; une organisation adminis-
trative relativement perfectionnce; le cours regulier de la justice, si
FOU compare les institutions de saint Louis au chaos judiciaire pre-
Üüdent. Pendant cette periode, on voit le luxe exagere du X118 siecle
remplace par une certaine simplicite dans les habits. La noblesse et
la bourgeoisie sont a peu pres babillees de la mente maniere, quant
51 la coupe des vetements; peu de bijoux. Avec le XIVÜ siecle, le luxe
s'empare de nouveau des classes elevees. Ni les desastres de Grecy,
Hi Ceux de Poitiers, 11e ralentissent cette passion pour la richesse des
vetements, qui se repand jusque dans la bourgeoisie. Le niveau se
maintient pendant le rogne de Charles V; puis, apres les malheurs du
commencement du xvc siecle, il y a recrudescence dans les habi-
tudes de luxe appliquees aux vetements. Temps darret sous Louis XI;
nouveau deploiement du luxe depuis lors pendant les epoques cala-
lniteuses du XVIÜ siecle. Est-ce desir de jouir du moment present,
lorsque l'avenir est mal assure ? Est-ce une sorte de Iievre qui s'em-
pare des esprits au temps des malheurs publics et qui fait que chacun
Veut paraitre, ne fut- ce qu'un instant, sur la scene d'un monde
trouble? Nous ne savons. Mais il y a la matiere a exercer la saga-
Üile des philosophes observateurs. Pendant que la moitie de la
France est la proie des Anglais, au commencement du xvE siecle,
ÜTI Voit la noblesse commander les habits les plus somptueux et so11-
gel" ä des fetes pendant lesquelles on deployait un luxe inoui. De
lnäme, bien plus pres de nous, Voyons-nous, sous le Directoire,
lÜPSQuTt peine la guillotine est abattue, lorsque nos frontieres sont
meuacees, la societe quitter le deuil pour s'adonner a un luxe scan-
tlilleuyp
La richesse des habits dans la societe francaise n'est donc pas
ÜH raison de la prosperite publique. C'est plutet le contraire qui
Serait vrai. Il semblerait que pour elle, apres une catastrophe
publique qui lui fait entrevoir la misere, et qui la force pour un
lÜmlJS 51 se priver des choses les plus necessaires, le besoin qui se
tait le plus iiuperieusement sentir, celui auquel son desir la porte