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ROBE
f- Et elle verra ses voisines,
f- Ses parentes et ses cousines,
u Qui nouvelles robes avant;
u Adonc plains et pleurs Le szmdront,
a Et conlplaintes de par ta fame,
u Qui le dira : Par Noslre Dame,
u Celle est en publique hunnurüe,
a Bien vestuc et bien aeesmüe,
f: Et entre toutes suy despile
f: Et poure malenreuse dicte v
Non-seulement, a cette epoque, le luxe des vetements etait grand,
mais les personnes qui se respectaient devaient changer de robes
plusieurs fois le jour, en raison des occupations et plaisirs. Les
femmes de riches barons faisaient au moins trois toilettes parjour:
une le matin, pour vaquer aux occupations ou pour aller a Feglise,
11ne pour (liner, et une pour le soir. La reine Jeannc de Bourbon
tenait grand etat, suivant le desir du roi, et c'est ainsi que Christine
de Pisan decrit l'ordonnance des atours de cette princesse aux jours
feries et jours ordinaires : a Dieux! quel triomphe, quelle paix, en
a quel ordre, en quelle coagulenee regulee en toutes choses, estoit
H gouverne-e la court de tres-noble dame, la Royne Jelianne de lBour-
a bon, s'espouse, tout en estat magnifieent, comme en honestes
a manieres reglees de vivres, si comme en ordonnances de mengs et
a assietes, en compaignie, en serviteurs, en abis, atours, et en tous
f: paremens, par notable et bel ordre menez colidiennementet aux
f- solemnitez des festes annees, ou a la venue des notables princes
ff que le Roy vouloit honorer! En quelle dignete estoit ceste Royne,
a couronnee ou atournee de grans rieheces de joyauls, vestue es abis
H royauls, larges, longs et ilotans, en sambues pontiüeales que ilz
H appellent chappes ou manteaulz royaulz des plus precieux draps
H d'or, ou de soyes, aornez et resplandissans de riches pierres et
H perles precieuses, en ceintures, boutonneures et aclaches, par
a diverses heures du jour abis rechangez pluseurs foiz, selons les
H coustumes royales et pontificaulz; si que merveilles est a veoyr
H yeelle noble Royne a telles dictes solemnites, accompagniee de
(f deux ou troys Roynes, pour lors encore vivans, ses devancieres ou
H parentes, il qui porloit grant reverance, comme raison et droict
H le debvoilg. a
' Eust. Dcsrfhnnlps, le Miroir de mariage : Commeni mariage n'est que tourment,
0118111149 fenzme ne de" quelque estai que l'en praingne; et que en fele charge rheust
mieula: advis qu'en achai de beste nme.
2 Chrisline de Pisan, Le sage roy Charles, vhap. xx.