ROBE
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Ces sortes de robes sont justes a la taille, sans ceinture, montantes,
amples a la jupe et tres-longues par derricre. Les manches, serre-es
des epaulcs au-dessus du coude, se terminent par un evasement
demesure taille en rond. On comprend comment il etait facile
desc servir de ces manches comme de sacs. La robe est lacee par
derriere, et il etait de mode alors, surtout dans les provinces de l'Est
voisines du Rhin, de tenir la taille tres-longue. Les plis de la jupe ne
commencaient qu'aux hanches. Ges sortes de bliauts ne forment pas
les plis transversaux que l'on observe sur les robes des dames du
centre de la France a la memc epoque.
Cette influence byzantine, qui prit une si grande importance en
Occident, sur les arts, sur les vetements, sarreta a la lin du xue
siecle. Plusieurs causes vinrent amener cette revolution dans les
modes et le goüt de la noblesse. Nous avons explique ailleurs 1
comment, a cette epoqne, l'architecture et la sculpture abandonne-
rent completement les errements de lecole byzantine, sous le regne
de Philippe-Auguste, dest-a-dire au moment ou la monarchie fran-
caise acquit une predominance marquee. C'est Fepoque du reveil
de l'esprit d'examen, ou l'ordre laique, protege par Fepiscopat,
s'affranchit des traditions monacales. C'est Fepoque d'un travail
d'organisation intericure, d'une concentration des forces nationales.
La fievre des croisades est passee. Uenergie expansive qui avait si
puissamment agi sur l'Orient se developpe dorenavant a Finterieur,
et, si l'on retrouve encore la trace de ces vetements byzantins en
France, ce n'est que sur les habits de ceremonie des princes.
Quant aux modes adoptees vnlgairement, elles prennent une physio-
nomie occidentale, et, si les etoffes dont sont faits les habits vien-
nent encore de Byzance, de Palestine, de Sicile et de Venise, la coupe
de ces habits sWä-loigne de plus en plus des modes orientales. Les
vetements des deux sexes sont plus varies et changent de forme
beaucoup plus rapidement que pendant les siecles precedents. On
laisse bientet de cote ces etoffes crepelees, legeres, formant des plis
nombreux, si fort en vogue pendant le x11" siecle, pour adopter des
etoffes plus epaisscs, solides, propres a etre doublees de fourrures.
Les robes des hommes ne descendent pas sur les pieds, mais s'arro-
tent a la hauteur de la cheville. Ces habits sont commodes a porter,
laissent les mouvements libres; lesmanches n'ont plus l'ampleur
demesuree qu'elles avaient atteinte pendant les deux siecles preccf
dents. Les bordures brodees sont plus rares. Vers 1230, les semis
Dictionnaire de Warchftecturäe frangaise.