ROBE
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domen tend a devenir proeminent; la demarehe est lente et les
enjambees longues. Sont-ce des vetemeuts justes, collants, serres
aux reins, le pas est plus vif, les jambes sont tendues et rappro-
chees; la poitrine et les epaules s'effacent, le cou semble s'allonger
d'autant.
Il parait inutile (Finsister sur Finlluence que le vetenient peut
exercer sur le physique, puisque chaque jour nous pouvons en con-
stater la puissance. On reconnait un militaire en habit civil rien qu'il
sa demarche et a ses mouvements; de meme un ecclesiastifiue;
et il est bien peu d'avocats qui ne portent pas la robe d'une maniere
ciuasi ridicule. Ne vivant pas habituellement sous ce vetement, leurs
mouvements, leurs gestes, sont en desaccord complet avec la robe
qu'ils endossent pour plaider; robe dont ils tiraillent et font sauter
les plis de faeon a faire croire qu'ils cherchent se sauver de dessous
un drap noir. Il n'est pas jusqu'it ce geste classique du relevement
des manches, apres un mouvement oratoire, relevement qui, faisant
voir les parements du flac, rappelle ainsi l'auditoire a la realile, qui
ne soit parfois tres-eomique, s'il y avait place au- rire dans l'enceinte
de la justice.
Combien peu d'acteurs savent mettre leur physique d'accord avec
le vetement impose par le role qu'ils debitent "I Cela importait assez
peu lorsqu'on jouait tous les roles avec un certain costume de con-
vention, et qu'Acl1ille etait habille avec une perruque bouelee, un
casque a ample panache de plumes d'autruche, un tonnelet de satin
gris avec lambrequin de satin couleur de feu, et guetres ornees de
petites serviettes bleues. Mais si l'acteur pretend etrc tidele au costume
du personnage qu'il represente, sa tache est autrement difficile ; car il
n'est pas douteux qu'Agamemnon n'avait ni l'allure, ni les gestes, ni
les fagons d'etre de Charles-Quint, et que Pauline se presentait en
publie autrement que Dona Sol.
Il est bien entendu que nous laissons l'art en dehors de la ques-
tion, et qu'on peut emouvoir un auditoire sous quelque veteinent
que ce soit; mais, puisque de notre temps on a la pretention de
chercher la verite historique, aussi bien dans le domaine de la pein-
ture que sur le theatre, il faudrait etudier non-seulement la coupe
des vetements anciens, mais aussi la factin de les porter et les types
admis par chaque mode. Cela ne fera faire ni de meilleures pieces, ni
de meilleurs tableaux ; mais, le parti de la couleur locale admis, cela
ajoutera quelque chose de reel, de vivant et de saisissant aux oeuvres
qui deja par elles-memes ont une valeur.
Sous ce rapport, il n'est pas besoin de rappeler avec quelle tide-