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epaules, et ne point gener les mouvements. Pendant tout le cours
du moyen üge, la coupe heureuse du vetement, sa bonne apparence,
ont evidemment la meme importance que de nos jours, et si le mot
rlistingitä xfelait point connu, le fait existait. Il fallait avoir recours
aux bons faiseurs pour ne pas passer pour malseant, et plus les
vetements sont amples, plus ils sont difficiles a porter. La inaniero
de rebrasscr la robe, comme on disait a Vepoque ou l'on portait
de ces vetements tres-larges, a manches demesurees, oest-a-dire
d'en relever les plis avec aisance, indiquait une personne de
bonne maison.
Le port des longs vetements faits tletoffes souples, a plis serres,
tels qu'on les portait pendant les x1" et xu" siecles, exigeait une
ärlucation complote, une habitude prise des l'enfance, certains
mouvements et gestes qui salliaient avec cet habillement. Aussi
remarque-t-on, sur les monuments tigures de cette epoque, une
conformite de gestes donnee aux personnages des deux sexes, qui
est bien moins (ainsi qu'on le croit souvent) une moitifärc atloptee
par les artistes que la consequcnce du VÜIGIIIBHE en usage. Il en
est de meme pendant les epoques suivantes. A chaque modification
importante du vetement, l'allure des personnages, la maniere de
marcher, de tenir les bras, changent; et cela en raison de ces mo-
difications memes, et non point par suite d'un style de convention
adopte par chaque ecole d'artistes. Il est evident, par exemple. que
les vetements tries-amples, les longues manches, obligent a tenir les
coudes au corps. a marcher d'une certaine maniere pour ne pas se
prendre les jambes dans les plis; que les vetements etroits, au con-
traire, forcent de tenir les bras loin du corps et a marcher les
jambes reunies; que la ceinture serree a la taille impose la cam-
brure des reins, et, pour les femmes, la saillie du ventre; que les
jupes tries-longues exigeaient un redressement du torse assez pro-
nonce, pour ne pas marcher sur les plis tombant jusque terre. Les
peintures, les statues. ne font que reproduire, eu les exagerant par-
fois, les allures commandees par tel ou tel vetemeut, et qui sont
communes a tous les individus vivant sous l'empire d'une meme
mode. Il en resulte qu'a la distance de quelques siecles et meule
de quelques lustres, les personnages d'une epoque ont entre eux
des points de ressemblance. Sans remonter bien haut, par exemple,
les femmes du premier empire ont un air de famille, si l'on s'en
rapporte aux meilleurs portraits, tableaux et vignettes. Ainsi des
hommes. Il en est de meme a chaque periode des modes. Un cava-
lier ou une dame du temps de Louis XIII uietaient point faits, en