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dessous dont on n'apercoit que les manches de drap d'or. Sur cette
robe est posee une seconde robe de velours cramoisi a longues
manches, fendues a la hauteur du coude pour passer l'avant-bras.
Cette deuxieme robe monte jusqu'au cou et est fermee par des bou-
tons. Sur cette robe est pose le bliaut sans manches, le col assez
degage. Ce bliaut est fendu par devant, par derriere, sur les cetes et
double d'hermine. Juste aux epaules et sur la poitrine, il s'elargit vers
le bas et recouvre entierement les robes de dessous, qui sont des lors
tres-courtes, puisque le laliaut ne descend que jusqukt lui-jambe. Des
ouvertures laterales, pratiquees dans le bliaut, laissent voir la robe
de dessous, cramoisie, et permettent aux mains d'aller chercher les
pochettes. Le haut du laliaut est boutonne jusqu'au milieu de la
poitrine. En A, est trace le patron de ce bliaut ; sa couleur est lilas,
avec fleurs de lis d'or. Ce costume est d'une grande elegance et
devait etre fort commode. L'exemple precetient nous montre deja
un jeune homme revetu du bliaut sans manteau. Il en est de meme
ici. Ce jeune prince n'a pas le manteau qui semble etre reserve aux
hommes faits et aux dames; car voici (lig. 9) l'in1age de la soeur du
prince Jean, morte egalement tres-jeune et enterree dans le choeur
de l'abbaye de Royaumont, a cote de son frere, sous une plaque de
cuivre emaille 1. Le peintre a aussi represente cette jeune princesse
au fond de la niche qui surmontait le tombeau, non sous la figure
d'un enfant, 1nais d'une iille nubile. Elle est revetue du bliaut, sans
manches, sans manteau, avec corsage lace, juste. La jupe, tres-
ample, se termine en queue retroussee sur le devant par le bras
droit 2. En A, est trace le corsage lace par derriere avec la jupe
etendue, et en B le vetement de la meme princesse, non plus d'apres
la peinture, mais dktpres la statuette de bronze dore qui la repre-
sente enfant. Les entournures du bliaut sont, pour l'enfant, plus
aisees, et le corsage ne prend point la taille.
Le bliaut sans manches, avec corsage ajuste, parait avoir ete fort
a 1a mode au milieu du Xllle siecle, non-seulement chez les femmes
nobles, mais aussi chez les bourgeoises et meme les courtisanes,
ce qui fut parfois l'objet de facheuses meprises, et ce qui devint le
pretexte d'edits royaux touchant la toilette des femmes de mauvaise
vie. Toutefois cet elegant habit ne dura guere. Il advint du bliaut
ajuste et sans manches pour les femmes ce qu'il advient des vete-
ments qui font ressortir les avantages d'une belle taille et ne sau-
(Lonservüe au
jourdhui dans lkglisc de Sai
2 Voyez Gaigx