ECHARPE
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Uecharpe et le bourdon etaient si bien la marque distinctive du
pelerin, que, quand les rois partaient pour la croisade, ils croyaient
devoir prendre solennellement ces deux objets des mains des eveques
ou abbes :
c Quant li rois ot atourne sa voie, si prist s'eskerpe et son bourdon
u a Nostre-Dame a Paris ; et li canta la messe li evesques t. a
a Li rois Riehars et li baron qui avoec lui en aloient, prisent lor
a esclierpes et lor bourdons, si s'esmurent, et passerent par Pro-
a vence, et entreront en mer a Marselle, et syglerent tant que il
a vinrent en Sezile "l. w
Ces echarpes auxquelles etait suspendue la sacoche ou l'escar-
celle du pelerin n'etaient qu'une courroie. (Voy. ESCARCELLE.)
On porta souvent des echarpes de couleur et meme armoyees, si
ceux qui les portaient etaient des gentilshommes.
Non-seulement les ccharpes des pelerins devenaient au besoin un
signe de ralliement, mais elles etaient l'occasion de voeux entre
confreres unis pour une meme (in.
Lorsque le sire de Gaumont s'en fut a Jerusalem de 1418 a 1419,
il üt le voeu suivant: a Noper, seigneur de Caumont, de Ghasteau
i- Neuf, de Chasteau Cullier et de Berbeguieres, fais assavoir que
u j'ay empris de porter sur moy en devise une eschirpe d'azur, qui
a est couleur qui signifie loyaute, a memoyre et tesmoign que je le
u vueille maintenir. Et en icelle eschirpe a une targe blanche 3, a
f: croix vermeillie, pour que mieux avoir en remembrance 1e passion
a Nostre Seigneur. Et aussi en honneur et souvenance de monsei-
a gneur Saint George, par tel qu'il lui plaise moy estre en toute
a bonne ayde. Et hault en le targeha escript : FERM.
a Item, se Dieux faisoit son commandement d'aucun de ceux
a de leditte eschirpe, se aucuns l'aient, chacun fera chanter trois
a messes, deux de requiem et une de mens. Saint George pour l'arme
a d'ycelluy; et moy, .XX. Et oultre ce j'ay establi et ordonne que
u se null de leditte eschirpe perdoit son heritaige et n'avoit de quoy
a vivre, suy tenus, la quant par luy seray requis, ly donner et tenir
u son estat sellon qu'il appartiendra 4. n
C'est donc un veritable ordre quetablit le sire de Gaumont, et le
1 La Chron. (le Raina, clmp. xxvl.
2 Hist. des ducs de Normandzk? et (les rois dbeingleterre, puhl. par Fr
3 a 151m1 blanc n.
Voynige floultrcmer en Jhärusalem parle seign. de Caunzont, l'an
10 marquis de lu (Lraugc, page '15.
11h01, 13H
11418: