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DEUIL
persistajusqua nos jours. La forme des habits de deuil ne fut pas
toujours la meme que celle des habits ordinaires; on les tint longs
et amples, ne laissant; voir tout au plus que le visage. On supprima
les bijoux, les broderies, la soie. Toutefois, il ne parait pas que
cette coutume fut admise d'une maniere reguliere avant la lin du
XIVÜ siecle; et les usages des peuples eonquerants des Gaules persis-
terent assez tard.
Les Germains ne pensaient pas qu'il eonvint aux hommes de
pleurer sur les morts, et ils laissaient aux femmes ces marques de
faiblesse t. On retrouve les traces de ces moeurs viriles jusque dans
nos romans des xne et X1110 siecles. Et chez les femmes moines,
en dehors des marques immediates de la plus violente douleur, il
ne semble pas qu'il y ait la pensee de manifester les signes de cette
douleur dans les habits. Quand Raoul de Cambrai, mort, est rap-
porte sur son eeu par ses compagnons d'armes dans le palais de
sa mere, le bruit de cet evenement se repand partout :
H A ces paroles vint Helvis sa mie
H Ahevile ot en droite auccserie f.
u Cele pucele fu richement veslie
a EL afuhlde d'un puile de Pavie.
u lilauzvlie char oL (romme {lors espanic ;
u Face vcrincllc comme rose eoulnrie,
w Qui bien Vesgarde vis est quetez jors rie.
u Plus hele famc 11e fu onques en vie.
w E1 moslier entre POIIIIIIO femme esmurie 14
w lsuelement ä haute vois cscrie :
1- Sire Raous, comme dure departie i l
Ainsi, la maitresse du jeune comte est richement velue lorsqu'elle
vient au moustier ou le corps est depose. Mais les lamentations 11e
font defuut ni il. la mere ni u la liuneee; l'une et l'autre se pfunent
plusieurs fois devant ce cadavre ensanglante, dont elles veulent voir
et compter les plaies comme faisaient leurs uIeules les Germaines i
11- Supulcruru cespes crigit: nluuuxxxculorn
gravem dcfunctis, adspernantur: lamcnta a:
tarde ponunt; fenlinis lugorc houcstuxu est,
1p. xxvu.)
2 u Par droit du succession n.
m awillunl et
lacrymas cito,
viris nlcxxlixlissa:
rcvosum honorcln, ut
dolorenl et lristilialn
w (TEIÜÜIC, Germania,
3 u Affligüe v.
" Li Ronzavzs de Raoul de Canzbrni (lin du xne siüch
fi a Ad nlatres, ad coujugos vaincra fcrunt : ncc illm
pavenL. w (Tavitc, Gcrznrznia, r-ap. vu.)
lgcrc
[Ilälgqs