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peu developpee. Plus tard, les hanches des femmes sont tres-
accusees, la taille longue ; le bas de la ligure large, les yeux longs,
le front petit: plus tard encore, le ventre est saillant, la taille
courte, les epaules greles et ettacees, les tempes larges, le front
haut, etc. A dater de la [in du xiv" siecle jusque la fin du xv", avoir
le front haut et bombe etait, chez les femmes, une marque de
beaute; et en examinant les statues de ces temps, les portraits
qui ont d'ailleurs un caractere d'individualite bien tranche, on se
demande comment tant de personnes pouvaient posseder ce carac-
tere particulier qui, pour nous aujourd'hui, est une exception; de
meme qu'en voyant les portraits des femmes de la seconde moitie
du xvnc siecle, on peut se demander comment tant de dames
possedaient des joues longues et un peu pendantes, une bouche en
cerise, un nez court et petit, et des yeux a fleur de tete. ll est clair
qu'une race ne se modifie pas ainsi au gre des desirs de la mode,
mais que, pour plaire, les artistes inclinent, dans leurs reproduc-
tions, vers un type admis comme excellent. Il est certain aussi que
chacun se rapproche autant qu'il le peut de ce type, et qu'a force de
chercher a lui ressembler, on donne au port et meme aux traits
quelque chose qui appartient au milieu ou l'on vit et qui est en
dehors de la personnalite. Nous ne croyons guere a l'influence d'un
desir ou de la vue d'un type sur le fruit d'une femme enceinte ;
cependant il y a dans ce vieux prejuge un fond vrai que le philo-
sophe ne doit pas negliger et que les observations recentes sur la
sälection naturelle viennent expliquer. Les etres qui appartiennent
a l'ordre organique peuvent m'as-probablement se modifier dans
une certaine limite, par suite de besoins, d'aptitudes, de goüts, de
desirs; et il n'est pas rare de trouver deux personnes qui, ayant
vecu longtemps dans une complete intimite, contractent des gestes,
des allures, un port, un jeu de physionomie identiques, bien que
d'ailleurs elles ne se ressemblent pas et ne soient point conformees
de la meme maniere. Cela ne saurait, a notre sens, aller jusque
faire penetrer une race dans une autre, et jusqu'i1 faire, par
exemple, que des generatioils de Cafres, vivant au milieu d'Euro-
peens, puissent jamais entrer dans la famille aryenne, ou du moins
rien ne peut faire supposer que le fait soit possible; mais, dans le
sein d'une meme race, nous voyons, en l'espace d'un siecle. se pro-
duire de ces moditications physiques qui ont une certaine impor-
tance et qui expliquent comment, si une mode se prolonge, des
caracteres identiques s'observent chez tous les individus qui s'y
soumettent. Donc, pour rentrer dans notre sujet, on ne pourrait