179
COIFFURE
La tonsnre elail, sous les Merovfingiens, une marque de servitude,
et en se faisant raser tout ou partie des cheveux, ceux qui entraient
dans les ordres se rendaient ainsi serfs de Dieu. Lorsqu'un homme
libre etait oblige de vendre sa liberte, si, par exemple, il ne
pouvait payer ses creanciers, comme marque de sa decbeance
on lui coupait les cheveux.
Le soin que les conquerants des Gaules avaient de leur chevelure.
la vanite qu'ils tiraient de cet agrement, ne pouvaient guere s'accor-
der avec les idees que le cierge attachait aux avantages corporels.
Sur ce point, comme sur beaucoup d'autres, les Peres, les conciles,
les eveques pretendirent reagir contre les habitudes paiennes et
l'on sait quels raftinemenls les Romains et les dames romaines
apportaient dans l'art de se coiffer. Deja, au v0 siecle, Synesius,
eveque de Ptolemais, setait eleve avec une violence extreme contre
les longues chevelures que portaient les hommes de son temps.
if Ceux-ci, dit-il, qui ont soin de leurs chevelures, sont des adulteres,
H deseffemines, des victimes de Fincontinencem Tertullien n'est guere
moins severe a l'endroit des personnes qui teignent leurs cheveux,
qui s'en parent avec ostentation. Le concile de Conslantinople, en
699., excommunia ceux qui ont des cheveux frises par artifice; saint
Clement (hAlOXüHdTlG, saint Basile, saint Gregoire de Nazianze, saint
Jean Cbrysostome condamnent les chevelures longues et frisees. Les
eveques de l'0ccident ne se firent pas moins les censeurs de la parure
des cheveux et des fausses chevelures. Il ne parait pas que les epi-
grammes, les censures, les admoneslations, les exbortations et les
menaces aient empecbe les hommes et les femmes qui vivaient dans
ce siecle de se parer de leurs cheveux naturels, de les poudrer d'or,
de les teindre, de les natter, de les friser, et au besoin de suppleer
par de faux cheveux a ceux qui leur manquaient. Sur ce point comme
sur beaucoup d'autres, la mode etait plus forte que les censures des
les premiers siecles du christianisme. Nous prenons donc acte des
protestations du cierge, en reconnaissant qu'elles ne furent alors
d'aucun effet, et que la coiffure, parmi les laiques, principalement
dans les classes elevees, fut, des Fepoque merovingienne, une des
parties les plus importantes de la parure des deux sexes. Bon nombre
de personnes se figurent volontiers que les fils de ces leudes francs,
dont les moeurs etaient, en bien des points, si voisines de la barbarie,
etaientvetus comme des sauvages et n'avaient que peu de soins de
leurs parures. C'est la un de ces prejuges qu'on entretient chez
110118 Sur le moyen age, prejuges demenlis par les textes. Mais sans
remonter aux Merovingiens, ce qui serait sortir des limites de cet