CHAUSSURE
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Nous avons vu qi1e pour marcher dans la boue, des une epofiue
reculeel, jusqu'au xv" siecle, on portait des patins liants, de bois,
qui isolaient la semelle de la chaussure. Cetlusage existait encore en
France au milieu du xvne siecle; et, alors que les hommes ne por-
taient plus de bottes qu'en voyage, on mettait de doubles souliers,
des galochesatin d'eviter de salir les chaussures. L'habitude de porter
des bottes ou bottines cessa peu a peu apres les guerres de la Fronde.
Mais, lors de ces guerres, tous les gens du monde etaient bottes a la
ville; aussi, Tallemant raconte qu'un Espagnol passant a Paris et
s'en retournant chez lui, comme on lui demandait des nouvelles
d'ou il venait, il dit : a J'y ai vu bien gens, maisje crois qu'il n'y a
u plus personne a cette heure. car ils etoient tous bottes, et je pense
a qu'ils etoient prets a partir-i. n a Maintenant, ajoute Tallemant,
a tout le monde n'a plus que des souliers, non pas meme des bot-
if tines. Il n'y a plus que La Mothe le Vayer, precepteur de M. flAnjou.
fi qui ait tantot des bottes, tantot des bottines; mais ce n'a jamais
a ete un homme comme les autres. i)
Quant aux galoches ou patins, on appelait encore, au XVIÜ siecle,
les ecoliers externes qui se rendaient aux colleges le matin. des
galochiers, parce qu'ils portaient des galoches par-dessus leurs
chaussures, pour eviter Fhumidite 3. Les lilles de service de la reine
Anne d'Aulriche, qui ne demeuraient pas au palais, etaient appelees
galoches; et donnait-on ce nom a toute personne qui, chargee d'un
service, n'elait pas tenue a la resitlence. Louis XIII, apres la mort
du cardinal de Richelieu, aimait a travailler avec M. de Noyers, car
il ne voulait plus de favori, et M. de Noyers n'en avait pas les vues.
Quand on parlait d'affaires, si M. de Noyers n'etait pas la, le roi
disait zu Non. attendons le petit homme. a L'autre venait avec sa
bougie en catimini... a Il etoit, disoient les gens, jesuite galoche,
a car il Vetoit sans porter l'habit et sans demeurer avec euxi.
Les sabots n'etaient pas-inconnus aux paysans; pendant le moyen
fige. on les appelait verbales. Dans le Roman dülixandre i, Antigone
se desole a propos du changement de fortune de la plupart des com-
pagnons du heros mort, et il dit :
Teus avait blanc auherv,
Et saulcrs {mains ä or qui
w vesli
0P ara
'a caole
fherhole.
1 Voy. ÜHAUSSES, fig. 2,
2 Mäm. de Trzllemnnt : M. ffAumont.
11 Les Nouvelles liäcrriczhonx; de Bonaventl
1 Mänz. de Tallemant : Louis XIH.
5 Testament. f. 80. v. 23.
Desperiers,
HO 11V
LXIII.