CIIAUSSES
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Par force, le compagnon consent il livrer ses chausses,
demande il l'homme d'armes, en ächange, les siennes :
mais
L'homme armä, sans penser mal,
Lui ottria bonnement,
Disanl; : Tcnüs mon cheval.
A la terre Volume armd
a Sasisl; pour soy descaucher ;
u Les cauches dontfay parlcä,
u Commencha 51 recaucher.
a Quand l'autre lui vit muchicr '
u L'autre jambe, il s'avisa
a Qu'il faisoit bon chevauchier,
(1 Lors sur le cheval monta.
Le compaignon s'en alla
Sur le cheval bien montäs.
L'autre cric : Hola ! hola !
Tenos vos cuuches, tenus !
Certes vous vous abusäs ;
Mes cauches vous duisent bien (vous vont bien),
Vous en esles bien pzn-os,
Mais ce cheval sera mien 2. v
Cette assez plaisante chanson indique clairement que ces chausses
etaient faites comme sont faits nos pantalons a pieds; c'est quand le
compagnon voit que l'homme (l'ai-mes a passe une jambe et sapprete
il passer l'autre, qu'il prend son temps pour decamper. Ces cliausses
rentrent donc dans la forme des braies de la derniere epoque du
moyen age (voy. BRAIES).
On donnait aussi le nom de cliausses semelees a des bottes molles
qu'on portait pendant le xve siecle :
Bounctz conrtz, chausses SGIIIOÜÜOS
Taillües chez mon cordoucnnicr
Pour porter durant ces gellücs 3. H
Villon parle aussi de ses chausses
jambe et laissant le pied nu :
O11
houseaux
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prenant que
1s avant picdz
Et mes housaulx szn
1 Muchzkzr, cacher ; s'entend ici comme passer l'autre jambe.
f Chants histor. et popul. du temps de Charles V11, puhl.
Lincy; Aubry, 1857.
3 Villon, Petit Testament, xxx.
4 Ibz'd., xxnf.
Roux