CHASSE
G6
cendu dans un sarcophage de pierre place sous la petite oglise de
Saint-lllaurice. Sainte Clotilde fait rebätir sur ce tombeau une eglise
plus grande avec une vaste crypte, et la dedie a saint Germain. Un
des successeurs de Clovis fait surmonter le tombeau du saint d'un
dais recouvert d'or et d'argent. En 8M , le tombeau est ouvert en
presence de Charles le Chauve, et le corps est place dans un nouveau
tombeau. Lothaire, fils de ce prince et abbe de Saint-Germain, fait
faire peu apres une chasse magnifique, couverte d'or et de pierre-
ries, pour y renfermer le corps du saint. Vers la fin du 1x0 siecle, la
crainte qu'inspiraient les Normands fit songer a cacher cette chasse
somptueuse, et probablement les reliques de Saint-Germain, qui jus-
qu'alors etaient restees dans le sepulcre donne par Charles le Chauve,
y furent renfermees. On augmenta, pour ce faire, la profondeur du
caveau; on y descendit la chasse, et on la mit dans le premier
sepulcre" de pierre ou le saint avait repose; lorsqu'on eut bien ma-
conne le couvercle de ce tombeau, de maniere a faire disparaitre
toute trace de sepulcre, on placa par-dessus un autre sepulcre de
pierre dans lequel on deposa les morceaux du cercueil de cypres qui
avait servi a la translation du corps de Ravenne a Auxerre. A la fin
du x10 siecle, la chasse due a Lothziiire est exposee aux yeux du
peuple.
Quel que soit le plus ou moins d'exaotitude de ces recits,toujours
est-il que le corps de saint Germain, depose d'abord dans un cercueil
de pierre, en est extrait pour etre mis dans un coffre, une chasse
transportable. Cet usage fut cause que la plupart des corps-saints
trouves entiers dans leurs cercueils, entoures, comme celui de saint
Germain, des suaires et vetements primitifs, une fois deposes dans
des chasses que l'on pouvait facilement transporter et ouvrir,furent
en grande partie disperses, divises en une quantite innombrable
de reliques. Ce fut la premiere et la plus grave atteinte portee au
respect que l'on avait pour les restes de ces defenseurs de la foi
chretienne.
Jusqu'au X1110 siecle cependant, on conserva aux chasses l'aspect
de coffres, de cercueils qu'elles avaient eu dans l'origine. A cette
epoque, beaucoup de ces anciennes chasses de bois, revetues de
cuivre ou d'argent dore, faites pour soustraire les corps-saints au
pillage des Normands, existaient encore; on semblait hesiter a de-
truire ces enveloppes que les Iideles etaient habitues a venerer, sur-
tout lorsqu'elles protegeaient les restes de personnages aussi popu-
laires que saint Germain, saint Martin, saint Denis, saint F irmin,
saint Marcel, sainte Genevieve, etc.