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CONCLUSION.
l'est guere moins de placer dans un salon une chaire de quelque
seigneur du icvtisiecle. Ce que nous voudrions trouver dans nos ha-,
bitations, c'est. une harmonie parfaite entre l'architecture, le mobi-
lier, les veteinents et les usages. Lorsque nous voyons "des hommes
habilles comme nous le sommes,_ assis dans des lattteuils du temps
de Louis" XV, il nous semble assistera une reunion de notaires et
de commissail'es-priseurs procedant a un inventaire apres deces.
lividemment ces formes molles, ces couleurs tendres, ne sont point
e-nharmonie avec nos habitudes et notre costume. Le signe le plus
certain d'une civilisation avaneee c'est l'harmonie entre les moeurs,
les diverses expressions de l'art et les produits de l'industrie.
(6 Lllontre-"moi ton mobilier, et je te dirai qui tu es. w Or, si l'on
s'en tenait a l'apparence, on pourrait prendre aujourd'hui de petits
bourgeois pourdes seigneurs. Il est certain que, de nos jours, 1e
sens moral s'est modifie. La resignation liere et digne est considerei:
comme un defaut de savoir-vivre et la vanite un moyen de succes.
Nous n'avons pas a faire ici un sermon ou un cours de morale, mais
il est difficile de ne pas parler des moeurs lorsqu'on s'occupe des
objets qui en sont la vivante expression. Ces meeurs du moyen fige,
tant vantecs par les uns, si fort decriees par les autres, sont, a tout
prendre, assez mal appreciees: comme citoyens d'un pays, nous
valons mieux, il nous semble, qu'au moyen fige; comme hommes
prives, nous sommes loin d'egaler les caracteres tranches, encr-
giques, individuels, que l'on rencontre a chaque pas jusqu'au siecle
de Louis XIV. La revolution de 1792 a laisse dans nos lois, dans
nos habitudes et nos moeurs, une empreinte qu'aucun pouvoir ne,
saurait effacer ; ce que nous ne pouvons comprendre et ce qui nous
parait dangereux, c'est de ne pas admettre les consequences de ce
changement dans ce qui touche a la vie journaliere. Vouloir imiter
les habitudes de luxe, les idees etjtisqiüatix prejuges d'une epoquc
separee de nous par Pabime de 'l'792, est au moins un travers. Nous
possedons des qualites precieuses; nous possedons, a unhaut degre,
le sentiment. des devoirs publics, comparativement aux siecles pie,
cedents; nousavons la conscience de notre droit et de la justice
nous sommes enfin en etat de distinguer le vrai du faux : pourquoi
donc etouffer ces sentiments dans la vie privee, pretendre etre
autres que nous ne sommes, et nous eramponner a ces vieilleries
attxquelles personne, au fond, ne croit plus? Veut-on mesurer
Pabime "qui nous separe de ces temps auxquels nous essayonsde
revenir par un seul exemple? ce sera facile. N'allons pas au dela du
xvtr siecle. Nous trouvons, en ces temps, des gentilshommes, gens