CONCLUSION.
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c'est une imitation grossiere ou plutot un pillage des arts du Bas-
limpire en Ocfzident ; mais les types subsistaient et pouvaient encore
servir de modules. Il n'en est pas (le meme du mobilier antique,
qui dut etre promptement detruit; sa fabrication exigeant des
ouvriers habiles, instruits par des traditions non interrompues,
etait tombec dans l'oubli. L'introduction d'un grand nombre de
manuscrits byzantins, rfetoffes et d'objets fabriques en Orient, fut
le point de depart des nouveaux artisans occidentaux, qui s'effor-
ceront, non sans succcs, de reproduire ces types d'un art tres-
avance, assez mal connu chez nous encore aujourd'hui, malgre les
nombreux documents que nous avons entre les mains. C'est surtout
dans les contrees formant le centre du gouvernement imperial de
Charlemagne que 1'011 voit combien la renaissance byzantine des
v111" et 1x0 sieclcs fut complete, et combien elle laissa des traces
profondes ct durables. Le manuscrit d'Herratle de Landsberg souvent
cite par nousl et qui datait du X110 siecle,nous laissait voir encore,
dans ce qui touche au mobilier et aux etoffes, l'influence tres-pro-
noncee des manuscrits anterietirs de l'ecole byzantine. Les quelques
tlebris de meubles carlovingiens qui existent sur les bords du Rhin
sont egalemcnt empreints des arts industriels de l'empire d'0rient.
Mais les manuscrits grecs des V1", V11", vin" et 1x0 siecles, bien qu'ils
soient nombreux, particulieremcnt dans la bibliotheque nationale,
sont peu connus des gens qui s'occupent d'art, ainsi que nous le
disions tout a l'heure; cependant c'est en examinant leurs precieux
feuillets que l'on peut se former une idec de ce quWStait l'art
byzantin : c'etait un art tres-puissant, beaucoup plus fort et vivace
que ne l'etait l'art romain sous les derniers empereurs de Rome.
L'art romain s'etait evidemment retrempe en shätablissant a
Bvzancc, et quand on compare les manuscrits grecs des vue ct
vin" siecles avecles derniers debris des arts romains sous Constantin
en ltalie, on constate mieux qu'un progres : on reconnait une
verittible renaissance, pleine de jeunesse et d'avenir, une verdeur
sauvage, plutot que la decrepitude des derniers artistes de Borne.
Ces elements, importes chez des nations barbares, devaient etrc
beaucoup plus fertiles que ne l'eussent ete les traditions affaiblies de
l'art romain occidental. Aussi la renaissance carlovingienne a cela
de particulier quktant le resultzit d'une importation etrangerc, elle
conserve cependant une seve pleine tfencrgie, (Yoriginalite, et se
trouve en parfaite harmonie avec les mmurs de cette epoque.
' Biblioth.
de StrasbourgJärüld par les Allemands.