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CONCLUSION.
daient a Jerusalem et les Arabes qui visitaient la Meeque. Ainsi ces
pelcrinages religieux furent, pour les ehretiens occidentaux comme
pour les mahometans, une des voies les plus actives de commerce
qu'il y ait eu dans l'histoire du monde. Le but religieux n'etait pas
le seul qui faisait affluer les Occidentaux vers les lieux saints. Beauf
coup certainement, dans ce mouvement qui dura plusieurs siecles,
pensaient. a s'enrichir. Voyant sans cesse venir d'Orient tous les
objets preeieux, les barbares dominateurs de l'Occident se sentaient
attires vers ces regions privilegiees qui leur en-voyaient l'or, la soie,
les epices, les parfums et tout ce qui constituait la richesse et le
luxe, comme autrefois les Gaulois s'etaient rues sur fltalie et la
Grece, mus par l'amour du pillage. Ces relations durent avoir et
eurent en effet, dans les premiers siccles du moyen fige, une grande
inflence sur l'industrie qui se reformait peniblement en Occident.
Si donc nous voulons avoir une idee de ce que pouvait etre le
mobilier des seigneurs dans les Gaules, 1a Bretagne et la Gcrmanie,
jnsquät la En du x0 siecle, il faut aller chercher les types, les moyens
de fabrication et les matieres premieres en Orient. Certes les tradi-
tions romaines occidentales avaient, dans ces contre-es, laisse des
traces profondes; mais elles durent etre peu a peu alterees par
l'importation d'une quantite prodigieuse d'objets fabriques en Asie
ou a Constantinople et dans les villes grecques. L'architecture elle-
meme subit cette influence; mais on ne transporte pas un edifice,
et l'on transporte facilement. un meuble. Ce mouvement des arts
d'Orient. en Occident se prononce d'une maniere bien cvidente aeja
sous le regne de Charlemagne. Ce prince fait venir cfOricnt des
manuscrits, des objets de toute nature, des armes, des if-toffes, et ce
n'est veritablement qu'a partir de son regne que l'on voitpercei- les
premiers germes de l'art applique a l'industrie en Occident. L'in-
fluence des manuscrits grecs et des etoffes orientales fut eonside-
rable a partir du 1x0 siecle. Nous avons l'occasion ailleurs de stiivre
pas a pas les traces de cette influence sur l'architecture 1; nous de-
vons nous borner ici a constater qu'elle fait naitre une veritable
renaissance dansles produits industriels, tombes, avant cette cpoqtie,
dans la plus grossiere barbarie.
lftirchitecturi) repond a des besoins tellement imperieux, qu'elle
avait pu se soutenir tant bien que mal a l'aide des traditions
romaines occidentales. Depuis fepoque de l'invasion des barbares
j LlSqlffl Gharlcmagne, l'architecture n'est plus un art, par le fait :
1 Voyez les Entretiens sur
Parchitecture, z.