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VIE
PRIVEE
DE
HAUTE
BOURGEOISIE.
Introduction placee en tete du illclzctgtiel", nous donne une idee
complote de ce qu'etait le luxe de table, a la lin du XIV" siecle, dans
la classe moyenne, les jours de fetes de famille, lorsqu'on reunis-
sait un nombre de convives assez considerable pour etre oblige de
louer une salle garnie de ses meubles, des gens, de la vaisselle, etc,
Dans la vie habituelle, Pauteur du M änflgiel" nous fait assez voir que
les riches bourgeois avaient, de son temps, des habitudes de bien-
etre et de luxe meme fort avaneees. Outre les details infinis qu'il
donne sur Pinterieur d'une maison bientenuc (non noble), il raconte
a sa femme quelques histoires morales pleines de renseignements
preeieux. Entre autres, cette histoire d'une femme qui, par caprice,
fantaisie ou ennui, veut prendre un amant, mais qui, conseillec par
sa mere, eprouve par trois fois la patience de son epoux, avant d'en
venir a le tromper : les deux premieres epreuves lui reussissent, le
mari se contient ; a grand'peine la mere decidc sa fille a tenter une
derniere epreuve : a Essayer tant et tant, dit la fille, et encores et
a encores, ainsi ne flniroie jamais! Par mon chief! fait la mere,
a tu Pessaieras encore par mon los (conseil), car tu ne verras ja si
a male vengence ne si cruelle comme de vieil homme... Ainsi
a auray essaie monseigneur par trois fois de trois grans essais, et
a legerement rappaisie, et ä ce savez-vous bien que ainsi legiere-
a ment le rappaiseray-je des cas plus obscurs et couvers et es quels
a ne pourra deposer que par souspecon.... 7) Voici donc cette troi-
sieme epreuve. La fille, rentree chez elle, a servit cordieusement,
a par semblant, et moult attraiement et bien son seigneur, et moult
a bel, tant que le jour de Noäl vint. Les vavasseurs de Homme (la
a scene se passe ä Bome) et les damoiselles furent venues, les tables
furent drecees et les nappes mises, et tous shssirent, et la dame
a üst la gouverneresse et Pembesongnee, et s'assist au chef de la
table en une chaireä, et les serviteurs apporterent le premier mes
a et hrouets sur table. Ainsi comme les varles tranchans orent com-
a mencie a trenchier, la dame entortille ses clefs es franges de la
f! lin de la nappe, et quant elle sceut qulelles y furent bien entor-
a tille'e_s elle se lieve ä un coup et fait un grant pas a-rriere, ainsi
i comme se elle eust chancele en se levant; si tire la nappe, et
a escuelles plaines de brouet, ct hanaps pleins de vin, et sausses
a versent et espandent tout quanque il y avoit sur la table. Quant le
v1 Page XL.
2 Ce n'est pas d'hier que
dans la. bourgeoisie
bout Üe la. tahlg
la maitresse de la maison prend le haut