VIE
PRIVIÜJE
D E
LA
HAUTE
BOURGEOISIE.
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a Et qui gage bailler ne puer.
u ]l aura perles se il vuelt,
a Mais il fault qu'il les plcige bien,
(f Autrement xfclnportcra rien.
(r Les perles ou ly monstrera,
a Mille francs les achiztera :
(r ll confessera ccl achat,
a Mais il vendra de l'autre part
a Un marchant qui marchiä fera,
a lit pour huit cens francs les aura
a lit sy sera mise journäe
a Pour payer la somme nommde,
a Et s'il ne paye cclluy jour
a Oncques ne fut tant mal säjour,
a Car il fuult prendre autre terme
a Mais il fault bien Fintärcst rendre
Tel que, si je disoye lot
Vous orriez envis celluy mot.
Pires usures oncqucs ne vy
Qu'ils font aujourdmy. je vous dy
Les courraticrs font ce Lendit.
Ces braves marchands des villes qui rangonnaient si bien les sei-
gneurs, ct qui n'avaient nulle occasion de deployer un luxe ruineux
il Foxtcrieur, se meublaient richement, mettaient leur plaisir aavoir
de bonnes maisons bien closes et bien garnies, de belle vaisselle, de
bons vetc-ments ; et certainement il etait, au XIVe siecle, plus d'un
baron en France qui se fut trouve heureux de posseder le mobilier,
Fargenterie, les provisions de toiles, de drap et d"etoffes de tel gros
bourgeois de la ville voisine. Les documents ecrits qui nous restent
de cette epoque, et qui donnent quelques details sur la vie privee
de la bourgeoisie, sont tous empreints de cet amour du chez soi,
qui indique toujours le bicn-etre interieur, la vie reguliere, l'aisance
et ce luxe prive, egoiste, que nous appelons le confort. Il est un
livre fort curieux a lire lorsqu'on veut prendre une idee complete
des habitudes de la riche bourgeoisie au XIVe siecle en France, c'est
le M elnagier de Paris L'auteur de cet ouvrage entre dans tous les
details de la vie privee; il nous fait connaitre que le luxe s'etait
repandu partout sous les regnes de Charles Y et de Charles VI, et
qu'alors, plus qu'aujourd'hui peut-etre, la vie etait embarrassee de
f Le Märmgier de Paris, composä vers 1393 par un Parisien pour Fdducalinn de sa
femme. Pub]. pour la premiäre fois par la Sociätä des Biblioph. frang, 2 vol., 1857.