VIE
PmvEE
DE
LA
HAUTE
BOURGEOISIE.
405
berge leur vie durant, et qu'apres eux un voyageur inconnu habi-
tera leur chambre.
Du X1116 au XVIe sieele, le luxe etait singulierement developpe,
non-seulement chez les nobles, mais aussi parmi la classe bour-
geoise. Pendantles malheurs politiques des XIVc et xve siecles meme,
il semble que dans les habitations des villes le mobilier devint plus
riche et plus nombreux. A cette epoque, la bourgeoisie protitait de
l'affaiblissement de la noblesse ct rivalisait de luxe avec elle dans
ses maisons et sur ses habits. Elle ne se ruinait pas comme les gen-
tilshommes a la guerre; elle vendait, achetait, prenait en gage, se
plaignait fort, obtenait des privileges, imposait des conditions usu-
raires aux seigneurs qui avaient besoin d'argent, et se moquait
d'eux quand elle les voyait denues de tout.
a Hommes donneur, chevalereux,
a Gentilz, sages, loyaulx et preus
a N'en savoieut leur cuer abaisser
a De tousjours ses dons demander (au
a Mais hommes bas, de neanl. venus,
u Qui veulent de bas monter sus,
a N'ont honte de riens demander;
a Puys parle qui en vouldra parler,
u Car ils l'auront pour flatoyer,
a Ou pour la robe desplumer :
u Sy se riront des chevaliers
a Qui n'auront robes ne deniers,
a Qui ont porte pour le Roy douleur,
a Et sont prests de porter greigneur,
a Et de mourir com bon vassal
a Pour garder le Roy de tout mal.
a Les autres, par sainte lllarie,
u Le serviront de {laiterie
a Et de porter nouvelle guise;
a Voncques leur pores nfeust la mise
a Que il peust payer la faeon.
u Apres vouldront faire maison
a De deux sales de lis tendus,
a D'argent vaisselle comme dus
a Vouldront-ll avoir tost apres,
a Et s'ils trouvent rentes asses
(t Que veillent vendre gentilz hommes,
a Les acheteront ces prudommes
a Le mondes est huy tres-puissans
u Quant des sy bas fait sitost grans;
a Car de vray vilain, chevalier :
a Ne de droit huzart, esprevier :