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VIE
PnIvrEE
DE
L A
NOBLESSE
FEODALE.
ou moins gros, les autres sont refendus en planche d'un a deux
pouces d'epaisseui' pour les encadrements et panneaux. Quand il a
quelque ouvrage de choix a executer, Jacques nous dit qu'il soumet
les panneaux a l'action de la fumee pendant plusieurs semainesgen
les suspendant ail-dessus de l'atre de la cliemince. Jacques n'a et ne
peut avoir qu'un apprenti; son fils et son neveu completent l'ate-
lier. Ils sont donc trois ouvriers ; lui, Jacques, ordonne, s'occupe
de ses bois dont il a grand soin, va chez les seigneurs ou les bour-
geois pour prendre les commandes, et travaille aussi de ses mains :
c'est un liabilc homme. Il nous montra un banc a barre, servant de
coffre'(lig. l), et dont toutes les pieces, terminees, etaient pretcs
a etre assemblees. G Vous voyez, nous dit Jacques, les quatre inon-
tants principaux, ceux du dossier A plus elevcs que ceux du de-
cc vant B pour recevoir 1a barre C. Je fais toujours mes assemblages
a de barres a doubles tenons D avec einbrevement, car j'ai remarque
a que ces barres sont sujettes a se desassembler ; je les renforce a
l'assemblage : cela perd un peu de bois, mais les personnes a qui
a je les fournis ne me les renvoient jamais pour etre repares. On,
a s'appuie sur ces barres; les valets peu soigneux tirent dessus
a pour reculer ou avancer les bancs, et si elles ne sont pas solide-
a ment assemblees et chevillees, elles ont bientot quitte les inon-
a tants. Deux tenons valent mieux qu'un, car ils sont tous deux
a serres par les doubles mortaises. Vous voyez aussi que je donne
de la force a mes bois la ou je suis oblige de pratiquer des mor-
taises, puisque celles-ci affaiblissent les pieces. Maintenant, nos
a seigneurs ne veillent plus deces meubles massifs comme ceux
que l'on faisait autrefois; ils veulent etre coinmodement assis, se
plaignent quand ils trouvent sous leur main des areles vives. Il
a faut nous soumettre a ces exigences, et, sans nuire a la solidite,
a je diminue autant que je puis la force du bois entre les assem-
blages, soit par des adoucis, des chanfreins ou quelques colon-
a nettes. Remarquez cet appui E, comme il permet de poser le bras
(t sans fatigue, et comme je Fasseinble par de bons doubles tenons
a pour reunir le grand montant A au petit B. Devant mon banc,
a j'ai une suite de panneaux F serres entre deux traverses et des
a montants. J'en lais autant par derriere; puis, sur les cotes, j'ai
des joues Il qui portent les tasseaux Irecevant le couvercle K
a qui sert de siege. Le bord des joues L affleure la tablette a
(i charnieres. Ces charnieres (fig. 2) sont. forgees avec soin; on les
' Reiglenz.
cPEtienne Boileaze.